Par Pierre Bailly, Jimmy Beaulieu, Enrique Breccia, Étienne Davodeau, Karlen De Villiers, Kikuo Johnson, Miriam Katin, Séra, Usanaru Furuya, Ancco, Clément Oubrerie et Marguerite Abouet. Delcourt, 19,90 €, le 28 janvier 2009.

Voilà une bonne idée: faire raconter le monde d’aujourd’hui par des auteurs de BD de différents pays. Voilà aussi un projet casse-gueule, car les ouvrages collectifs sont souvent hétéroclites et inégaux. Pourtant, ce Tour du monde en bande dessinée est une vraie réussite, un beau (et effrayant) panorama de la Terre au XXIe siècle. Chaque auteur choisit un style différent (fiction, carnet de voyages, autobiographie, dessin de presse…) pour peindre un événement ou une tendance marquante de son pays. Ainsi, Miriam Katin évoque sa vie de couple perturbée par les primaires démocrates aux États-Unis; Séra se balade à Phnom Penh, dans les pas d’un peintre rescapé d’un camp d’extermination Khmer rouge; Enrique Breccia se projette au XXIIe siècle, époque où les nations se battent pour les terres fertiles, productrices des bio-carburants…

En quelques pages, les différents auteurs réussissent à pointer du doigt des dysfonctionnements flagrants de notre société globalisée, l’explosion de la cellule familiale, les dangers de la sur-consommation et les ravages de l’individualisme. Mentions spéciales au récit de la Sud-Africaine Karlien De Villiers (sur son accouchement en pleine émeute raciale), au carnet de Jimmy Beaulieu, désespéré de voir le Québec voter à droite depuis toujours, à l’histoire d’Étienne Davodeau sur la peur de l’autre entretenue par le journal télévisé, et à celle de Clément Oubrerie et Marguerite Abouet sur l’immigration choisie et ses revers…

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