Le Visage de Pavil
Pavil s’écrase avec son avion sur les terres isolées de Lapyoza. Impossible de réparer, le voilà coincé dans cette étrange communauté, en attendant le prochain bateau, dans plusieurs semaines. Accueilli entre gentillesse et méfiance, il s’ingénie à s’intégrer, participant aux différentes tâches du village, comme la cueillette, la cuisine et autres menus travaux. Cependant, il sent qu’on lui cache des choses, et il est de plus en plus intrigué par les artefacts que ses hôtes remontent des profondeurs du lagon, et par l’île interdite qui abriterait une forme de divinité. Mais est-il seulement curieux ou a-t-il d’autres plans ?
Après le fascinant Crépuscule et le très sombre Le Long des ruines, Jérémy Perrodeau propose une nouvelle histoire de science-fiction, cette fois dans une atmosphère plus apaisée. Sa ligne se fait fine, son découpage lisible et sobre – même si l’absence de gouttière entre les cases renforce la sensation d’étouffement vécue par le héros –, et son jeu de couleurs, en aplats ou en textures vaporeuses, demeure dans des teintes douces. Tout est fait pour rendre palpable l’atmosphère calme, proche de la méditation, de ce hameau autarcique, où l’on n’entend jamais un mot plus haut que l’autre et où les humains vivent en harmonie avec la nature. Là, c’est un roman d’exploration et de découverte qui se tisse, comme la rencontre d’un explorateur malgré lui avec une tribu vivant sur les reliques d’un passé inconnu, et créant sa propre mythologie à parti de celles-là.
Dès lors, c’est bien le thème de la science et des croyances, du savoir opposé à la religion, qui se développe, de manière subtile et poétique, notamment au fil d’un long final qui concentre toutes les émotions retenues jusqu’alors. Et qui éclaire le reste d’un récit tout en non-dit, à la mise en scène ciselée. Un album parfaitement conçu et mené, du début à la fin, tout en maîtrise mais pas froid pour autant.
Publiez un commentaire