Le Voleur de livres
Etudiant en droit dans le Paris des années 1950, Daniel Brodin se rêve poète. Par hasard, et par ennui, ce « voleur de livres » (littéralement, car il pille les librairies) s’approprie devant un public féru de littérature des rimes qui ne sont pas les siennes. Un certain establishment parisien crie au génie, tandis que le plagiaire s’acoquine avec un groupe de libertaires qui théorisent leur désoeuvrement. Il y a Jean-Michel, voyou ambigu (aux airs francs de Gérard Depardieu, jeune), Gilles, l’intellectuel de la bande, ou encore Colette, qui lui évoque la fraîcheur du foin…
Subtil, bien écrit, cet album mêle les genres, oscillant tantôt vers la chronique du parcours d’un ambitieux, tantôt vers le polar. Fermement campés, les personnages de Pierre Van Hove ne sont pas inutilement aimables : Brodin agace, Jean-Michel intrigue mais ne séduit pas, Colette paraît molle… L’Italien Alessandra Tota leur donne chair au fil d’épisodes signifiants, d’un trait noir et blanc habile — malgré des protagonistes aux yeux peu expressifs, qu’on imagine troublés ou désabusés. Ensemble, c’est une période tumultueuse, féconde qu’ils dessinent, faisant se croiser l’ombre de Jean-Paul Sartre ou la silhouette de Gaston Gallimard.
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