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12 Comments

Le voyage extraordinaire d’Alexis Nesme au pays de Jules Verne

14 mai 2009 |

nesme_intro.jpgVoilà un auteur qui n’a pas peur de l’aventure. Alexis Nesme, 35 ans, s’est embarqué aux côtés de Jules Verne pour adapter en trois volumes Les Enfants du capitaine Grant. Une épopée littéraire drôle et haletante, qui emmène une petite troupe intrépide de l’Écosse à la Patagonie, à la recherche d’un navire échoué et de son équipage.
Pour l’occasion, l’auteur de la série jeunesse Grabouillon, au graphisme 3D, a repris son encre et ses pinceaux afin de livrer un album extraordinairement léché. Sous une couverture reprenant les codes baroques des éditions Hetzel (qui publiaient au XIXe siècle les romans de Jules Verne), Alexis Nesme déploie une palette de couleurs lumineuses, lorgnant vers un certain romantisme, pas si académique que ça.

Pourquoi avoir adapté Jules Verne ?
J’ai travaillé il y a quelques années sur l’adaptation d’un autre de ses textes avec le scénariste Éric Omond, sans savoir que la collection Ex Libris [consacrée aux adaptations littéraires] était en gestation chez Delcourt. nesme_incendie.jpgNous avions imaginé une version adulte et assez libre de Frankenstein mais, en la présentant à l’éditeur, nous nous sommes rendu compte que le projet était déjà en cours avec un autre auteur [Marion Mousse]. Toutefois, Jean David Morvan, le directeur de collection, avait vu mes planches et m’a demandé de réfléchir à l’adaptation d’un autre livre. J’ai tout de suite pensé à un roman de Jules Verne, car j’aime l’aventure et l’imagerie du XIXe siècle.

Et pourquoi Les Enfants du capitaine Grant en particulier ?
Je voulais au départ adapter différentes histoires de la série des Voyages extraordinaires, comme 20 000 lieues sous les mers, Cinq semaines en ballon ou L’Île mystérieuse. Mais, encore une fois, ces titres étaient déjà pris par d’autres auteurs ! Je me suis alors intéressé aux Enfants du capitaine Grant, parce qu’on y retrouve ce que j’aime chez Jules Verne : une galerie de personnages qui voyagent, parcourent des paysages nouveaux. Finalement, je suis content de ce choix, car ce roman comporte aussi un côté humoristique prononcé et donc très plaisant.

Vous avez souhaité travailler sans scénariste.
Je désirais m’occuper du découpage, travailler la mise en scène, la construction des séquences. J’avais pratiqué cet exercice à l’école [Alexis Nesme est diplômé des Arts Déco de Strasbourg], et plus beaucoup depuis. Je gardais donc une petite frustration de ce côté-là. Et comme j’ai encore un peu de mal à passer directement de l’écriture de scénario au dessin, adapter un roman – surtout aussi linéaire et bien découpé que Les Enfants du capitaine Grant – était idéal pour assouvir mon envie.

Jules Verne est-il un auteur facile à adapter ?
Ce qui fait de Jules Verne un auteur si particulier, c’est la richesse des informations qu’il introduit dans ses livres. nesme_bateau.jpgQuand on les lit, on ne peut s’empêcher de se mettre à la place du public du XIXe siècle qui découvre ses descriptions précises du monde : sur les peuples, la géographie, le climat, l’Histoire… Je devais me concentrer d’abord sur le récit lui-même, c’est-à-dire le voyage des personnages ; ensuite, sur les relations, souvent drôles, qu’ils entretiennent entre eux ; et donc je n’ai pas vraiment eu la place de glisser tous les éléments scientifiques détaillés dans le roman.

Finalement, cette absence de contenu pédagogique renforce l’aspect « aventure fantaisiste » de l’histoire…
Dans un sens, oui. J’avais envie de tirer parti des informations délivrées par Jules Verne pour les emmener vers quelque chose de plus magique. Pour représenter Glasgow, je me suis bien sûr inspiré de représentations d’époque de la ville, mais j’ai aussi réinventé ses rues. Même chose pour le bateau : si j’ai essayé de bien dessiner tous les cordages qu’il faut, je me suis permis d’exagérer les proportions.

Vous êtes-vous beaucoup documenté ?
Oui, pour les décors et les lumières principalement. Mais aussi pour les éléments de décoration un peu baroques de l’album, comme les cartouches, les enluminures, la carte des pages de garde… Pour le navire, j’ai visité pas mal de musées de la Marine, parce que je n’avais jamais dessiné de bateau auparavant ! J’ai trouvé très agréable de comprendre comment ces géants des mers fonctionnaient, pourquoi ils possédaient 250 cordages et pas 252… nesme_paganel.jpgJe me suis également inspiré de toute la peinture classique, mais aussi des peintres pompiers dont j’ai tenté d’accentuer le côté kitsch.

Le côté magique de la BD vient aussi des têtes d’animaux que vous donnez à vos personnages.
Dès ma lecture du roman, j’ai imaginé les personnages sous forme d’animaux. Jean David Morvan et Guy Delcourt ont été surpris lorsque je leur ai montré mes premiers dessins, et m’ont demandé d’essayer avec des humains. Mais, au final, les animaux fonctionnaient mieux. Cela m’a permis de camper rapidement les personnages : le capitaine bougon est évidemment devenu un ours, la prestance des lords anglais les a logiquement transformés en félins ; le côté maladroit – et français ! – du géographe Paganel en a bien sûr fait une grenouille…

En utilisant ces figures animalières, n’avez-vous pas eu peur de créer un trop grand décalage avec l’œuvre d’origine ?
Non, car un décalage existe aussi dans le roman. Les personnages traversent des océans et des continents entiers, échappent plusieurs fois à la mort, et pourtant le ton reste toujours très léger. On est toujours entre une description réaliste du monde et un traitement des rapports humains qui ne l’est pas vraiment.

Les personnages sont très bavards…
J’avoue qu’il y a beaucoup de texte, mais j’étais face à un vrai dilemme. En tant que dessinateur, j’aime les belles pages bien aérées. Mais, en tant que lecteur, j’aime les bouquins denses, que l’on passe du temps à lire. Comme La Quête de l’oiseau du temps par exemple. Alors j’ai eu envie de mettre pas mal de texte !

nesme_troupe.jpg

Après avoir tâté de la 3D pour votre série jeunesse Grabouillon, vous êtes revenu à la couleur directe.
Quand j’ai commencé Les Enfants du capitaine Grant, je voulais utiliser un mélange de techniques, en me servant d’encre, de gouache, d’huile, de pastel gras… Mais je me suis finalement contenté de gouache et d’encre, parce que l’association de tous ces outils étaient trop compliquée. Je voulais avant tout raconter une histoire, et elle était déjà bien touffue ! Cette technique de couleur directe est assez lourde et me prend plus de temps que je ne le voudrais, mais je n’arrive pas à en changer… C’est ce que je préfère!

Propos recueillis par Benjamin Roure

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Les Enfants du capitaine Grant #1
Par Alexis Nesme.
Delcourt, 9,95 €, le 20 mai 2009.

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Commentaires

  1. del taglia

    bonjour, je voudrai savoir si le tome 3 est sortie ou bien qu’en paraitra t’il?
    merci

  2. del taglia

    bonjour, je voudrai savoir si le tome 3 est sortie ou bien qu’en paraitra t’il?
    merci

  3. @ del taglia : Alexis Nesme travaille actuellement sur le tome 3, mais aucune date n’est encore annoncée. Sans doute l’an prochain, compte tenu du rythme de sortie entre les deux premiers volumes.

  4. @ del taglia : Alexis Nesme travaille actuellement sur le tome 3, mais aucune date n’est encore annoncée. Sans doute l’an prochain, compte tenu du rythme de sortie entre les deux premiers volumes.

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