Retrouver l’auteur de La Nef des fous et de Magasin sexuel pour un Voyage improbable ? On signait tout de suite, les yeux bandés. Ravi d’embarquer pour un périple en deux tomes, imaginé par un auteur rare, souvent inspiré.

Cette fois, c’est l’étonnant récit d’une découverte archéologique qu’il commence par faire. Aidé d’une palanquée d’assistants et d’étudiants, un professeur à moustache et cigare met à nu les restes d’un plésiosaure à deux têtes. Deux autres scientifiques – dont un à l’air suspect, et aux origines universitaires plus que douteuses – le rejoignent en plein travail. Soudainement, le phare qui surplombe ces vestiges décolle, tel une fusée, entraînant les trois découvreurs d’os et deux étudiantes dans sa course folle…

Commence alors un exercice de style burlesque : les personnages sont enfermés dans le phare avec son irascible gardien, et se retrouvent dans l’espace. Une histoire à dormir debout, au haut potentiel comique ou lyrique. Las, Turf ne retrouve pas la magie, la poésie et le burlesque de sa fabuleuse Nef. L’hommage à Tintin (la fusée bicolore, le gag récurrent consistant à appeler un personnage par une version déformée de son nom…) se fait lourd. Certains personnages – le professeur britannique, les étudiantes – font de la figuration. Et, malgré un dessin agréable et chatoyant, ainsi qu’une mise en scène parfois surprenante, on s’ennuie, tout simplement.