Les éditions 2024 publient un livre à leur image, étonnant et audacieux : Hélios, d’Étienne Chaize.

On avait découvert cet auteur diplômé des Arts Décos de Strasbourg avec Quasar contre Pulsar, délire de science-fiction délicieux et flashy, pour lequel il réalisait les couleurs. Ici, le voilà seul aux commandes d’un conte fantastique muet, 40 pages d’une épopée minuscule et tragique. L’histoire : un jour, le soleil s’est figé et le monde devint crépusculaire, sans espoir ; le roi décida alors de guider son peuple vers l’astre.

 

Le récit avance par de larges images sur une double-page, somptueuses, dans un grand format propice à l’émerveillement. On voit avancer des petits personnages aux costumes chatoyants et aux accessoires phosphorescents, d’abord joyeux du départ vers une nouvelle aventure, puis décimés par les embûches (naufrage, attaques d’animaux ou d’hommes sans tête, marche dans le désert…).

 

Chaque tableau est un grand décor, de mer, de forêt, de montagne, au graphisme hyper détaillé, composé par assemblage de morceaux de textures et de dessins, mélange de collage, pierre noire, aérographe, rotring, pinceau… Et comme Étienne Chaize est passé maître dans l’art de Photoshop, il associe le tout dans un ensemble cohérent, profitant de l’outil informatique pour exacerber la beauté de ses trouvailles. Il joue avec subtilité sur les lumières, dissimulant dans l’ombre des éléments fascinants, faisant luire comme par magie les lances de ses héros. Il manipule les transparences, reflets, matières, pour rendre palpable l’impalpable.

Dès lors, loin de n’être qu’une suite de tableaux statiques, Hélios se pose comme un récit pictural aussi narratif que graphique. Pari réussi, éblouissement garanti.

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Hélios.
Par Étienne Chaize.
Éditions 2024, 23 €, avril 2016.

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