Par André Taymans, Erwin Drèze et Patrick Delperdange. Casterman, 10 €, le 2 juin 2010.

Lefranc à Hollywood ! Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une adaptation des aventures du blondinet journaliste, mais du décor du nouvel album du personnage créé par feu Jacques Martin. Un personnage figé dans une époque et dans un costume depuis longtemps passé de mode, qui mène cette fois l’enquête autour d’une secte voulant nettoyer à grande eau la ville des anges de sa dépravation cinématographique. L’intrigue était presque prometteuse, mais le résultat est atterrant.

En effet, si la trame principale de cette escapade de Lefranc en Californie tient à peu près la route, le découpage, la mise en scène et les dialogues sont désespérant d’ennui. Comment croire encore à un héros si niais et asexué, dont la peur principale est de se faire tirer l’oreille par la police car il n’a pas traversé dans les clous ? Comment se passionner pour ces longues séquences de blabla ampoulé entre des personnages droits comme des piquets ? Comment ne pas s’exaspérer face à ces éternelles cases inutiles (Lefranc ouvre une porte, Lefranc se brosse les dents, Lefranc s’étonne devant les moeurs libérées de l’Amérique…) qui ne font que plomber l’action ? S’obstiner à faire vivre un héros emblématique de son époque n’est pas en soi une mauvaise idée. Mais encore faudrait-il lui donner des armes narratives plus modernes afin qu’il puisse lutter dignement contre la mort et l’oubli qui lui tendent les bras.

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