L’Enfant et le Maudit #1-3
Il était une fois une jeune fille candide perdue de l’autre côté du monde. Du côté obscur, inexploré et quasi désert. Recueillie par une créature maudite qu’elle appelle « professeur », Sheeva ne semble pas voir le danger qui l’entoure. Ne pouvant se toucher l’un l’autre par crainte de transmission de la malédiction, ces deux êtres énigmatiques que tout oppose vont tisser des liens forts.
Il y a des titres qui captent le regard et ne le lâchent plus. L’Enfant et le Maudit scotche dès la couverture et en quelques planches on est déjà envoûté. D’abord claque graphique, cette série confirme les premières impressions positives en construisant un univers de conte intemporel à la mise en scène posée et raffinée. L’auteur développe par petites touches son œuvre à l’ambiance vaporeuse, où lumière et ténèbres emplissent les pages d’une aura mystérieuse. Très inspiré, notamment par l’art et la littérature jeunesse, l’auteur développe une fable onirique entre Charles Perrault, Tove Janson, Gustave Doré et Tim Burton.
Récit allégorique universel à plusieurs niveaux de lecture, L’Enfant et le Maudit dépasse le cadre de la bande dessinée. Le trait griffonné de Nagabe est reconnaissable au premier coup d’œil. Fouillé et vivant, il offre un jeu de contraste saisissant. Le dépouillement des dialogues et le découpage habile sont capables de bouleverser le lecteur en une seule case, retranscrivant avec une prodigieuse minutie toute l’émotion d’une scène. Les cadrages, les angles de vues, les regards, les silences bien pensés procurent des sensations palpables.
Nagabe est un tout jeune auteur japonais et pour une première entrée en matière, c’est une réussite totale. Véritable source d’émerveillement, L’Enfant et le Maudit est un manga coup de cœur qui se ressent, qui se vit et qui se contemple.
© nagabe / MAG Garden
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Billet tentateur ! Je regarderai cela de plus près en librairie.
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