Léonarde #1
Dans le royaume, il y a trois peuples : les goupils, les leu (des loups) et les humains. Et ils ne s’entendent pas. Loups et renards se méfient les uns des autres, et vouent une haine tenace envers les humains, destructeurs sans scrupules de la nature. La jeune Léonarde est la fille du maître d’armes du roi des hommes. Impétueuse et idéaliste, elle est persuadée qu’elle peut initier la paix entre les peuples. Elle décide de prendre les choses en mains ou en pattes : en lançant un sortilège, elle se transforme en renarde, prête à aller parlementer. Mais personne ne la reconnaît plus chez les siens, d’autant qu’elle ne parle plus la langue humaine !
Voilà un des bonnes surprises du rayon jeunesse de ce début d’année. Dans un décor de fantasy médiévale, avec une base d’histoire en apparence fort classique, Isabelle Bauthian (Dragons & Poisons, La Vie mystérieuse, insolente et héroïque du Dr James Barry) propose une histoire bien plus habile qu’il n’y paraît. Tout en glissant quelques clins d’oeil féministes et messages écolos, elle développe surtout le thème de l’ignorance qui mène au rejet et à la xénophobie : la peur de l’autre, du voisin, de l’étranger, naît beaucoup ici des légendes (pour ne pas dire fake news) et de l’absence de communication entre les peuples, en raison de la barrière de la langue. Un obstacle expérimenté par l’héroïne elle-même dans des séquences très drôles, dans un camp comme dans l’autre. C’est tout le charme de cet album dymanisé par le dessin pointu et piquant d’Anne-Catherine Ott (Havre, Le Cercle de Providence) : offrir une lecture divertissante pour tous les publics, en même temps qu’une réflexion nuancée sur un thème toujours d’actualité. Espérons que ce premier volume, autoconclusif, trouve son public, car l’univers paraît suffisamment solide et riche pour que les autrices le développent et l’approfondissent.
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