Le monde vit sous la coupe d’une Reine dure, secrète et intransigeante. Ania est l’héritière désignée, ce qui ne lui plaît guère : elle préférerait employer son pouvoir à autre chose, comme vérifier les légendes ancestrales qui fondent les croyances de son peuple ou encore offrir l’accès à la magie à tout un chacun, dans l’espoir de bâtir un monde meilleur. Quand elle découvre une épée féérique, Ania croit alors que son destin peut basculer…

Anabel Colazo nous avait séduits avec ses livres étranges, aux frontières du fantastique, Ne regarde pas derrière toi et Proches Rencontres. La jeune autrice espagnole se lance ici dans une histoire de fantasy, avec pouvoirs magiques, épée maléfique, lutte contre le Bien et le Mal, etc. Mais à sa manière, à savoir lente, contemplative, plutôt statique et intimiste. Pourquoi pas. Sauf qu’à trop vouloir jouer sur les deux tableaux – la quête héroïque et l’introspection d’une ado qui cherche à s’émanciper – elle se perd en chemin, et ne trouve pas le bon équilibre : ses séquences d’action sont trop molles, ses scènes de dialogues assez poussives, et la voix off omniprésente alourdit le propos. Un vrai manque de rythme et de tension narrative qui nuit à l’intérêt global du projet, dont l’originalité initiale était pourtant un atout fort. Heureusement, les ambiances sont très réussies : beaucoup d’intérieurs et de grottes, un peu de forêt profonde, Anabel Colazo joue, là aussi, le contraste entre l’enfermement et la lumière de ses images, éclairant son trait fin de couleurs vibrantes aux dégradés bien maîtrisés.

Voilà donc un album au parti-pris audacieux, pas vraiment abouti ni convaincant, mais la confirmation d’une autrice à suivre, car elle a des choses à dire et ne choisit pas la facilité.