L’Ère des cristaux #1-5
Sur une Terre dévastée sur laquelle ne subsiste plus qu’une île, l’humanité s’est depuis longtemps éteinte. Dans ses pas s’est éveillée une nouvelle forme de vie, les gemmes, dont l’apparence humanoïde androgyne dissimule un corps entièrement minéral. Phosphophyllite, petit dernier doté d’une nature très fragile, a du mal à trouver sa place dans une communauté qui ne tolère pas l’oisiveté. En effet, le petit groupe vit sous la menace permanente des Séléniens, des êtres éthérés menant des raids réguliers contre les gemmes, dont les camarades capturés sont emmenés sur la Lune et brisés en éclats pour servir d’ornements. Phos, dont le caractère insouciant et la bonne volonté n’ont d’égal que la maladresse, se voit confier la mission d’écrire un ouvrage d’histoire naturelle, loin du champ de bataille. Sa curiosité va pourtant l’amener à faire d’étranges découvertes sur les liens entre gemmes et Séléniens, qui ne seront pas sans conséquence pour lui et ses amis…
Première œuvre traduite en français de la mangaka Haruko Ichikawa, L’Ère des cristaux est une série aussi étonnante par son scénario de SF empreint de mythologie bouddhique que par son graphisme particulier, tout en épuration, finesse et contraste. La galerie de protagonistes présentée est variée, chacune des gemmes personnifiant le minéral duquel elle tire son nom. L’aura de mystère de la série tient aussi beaucoup aux Séléniens, dont l’étrange apparence de divinités bouddhiques à l’éternel sourire et aux yeux vides rend d’autant plus dérangeante la cruauté dont ils font preuve.
Nommée pour plusieurs prix au Japon et ayant même bénéficié d’une jolie bande-annonce animée pour la sortie de son premier tome, la série n’est pourtant pas dénuée de faiblesses. La progression de l’intrigue est en effet trop lente par endroits, et la simplicité du trait nuit parfois à la compréhension de l’action, défauts que font cependant oublier la poésie et l’originalité de l’univers développé.
Au final, voici une lecture peu commune qui contentera les amateurs de récits sensibles et contemplatifs, même si elle a peu de chance de satisfaire les lecteurs en quête d’action et de testostérone. Reste maintenant à espérer qu’elle ne se perde pas dans des longueurs qui terniraient son éclat…
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