Yuan a une famille à nourrir, alors bien qu’il en ait complètement ras le bol, pas le choix, il doit partir loin pour accomplir une nouvelle mission dangereuse. Heureusement, cette fois-ci, elle devrait lui rapporter gros ! Il prend donc la route avec son camion, va à la mine de faire le plein de charbon pour aller le revendre et en irer une grosse plus-value… Enfin, ça, c’était le déroulé idéal de sa dure besogne.  Mais il n’en sera rien, car lorsque l’on traverse la misère dans laquelle survit le pays, chaque seconde est un combat pour s’en sortir, éviter les agressions, vols, et même tout simplement parvenir à rester en vie. Son camion rempli d’or noir attire la convoitise et Yuan en fait les frais : il se fait agresser, puis voler son camion…

En entamant ce thriller routier chinois, on pense immédiatement au Salaire de la peur. La thématique, l’ambiance, la tension, mais aussi son dessin sombre avec sa palette de couleurs volontairement resserrée et grisâtre qui nous met directement le nez dans la suie. Entre polar et quête de vengeance, Aurélien Ducoudray signe un scénario au cordeau, qui ne perd pas de temps et nous pousse dans le dos jusqu’à la dernière page. Néanmoins, une fois celle-ci tournée, on regrette que le dénouement soit si facile et ne semble pas coller avec la réalité endurée auparavant.

Une fois cette réserve exprimée, il reste alors un page-turner parfaitement huilé, dans lequel rien n’est gagné d’avance et tout se négocie. Seuls les plus malins s’en sortent, et encore, le destin en décide parfois autrement ! Alors que cela pourrait vite paraître surjoué, l’ensemble est intelligent, brut et totalement crédible. Avec son héros obstiné et sa galerie d’indigents plus vrais que nature, on se demande bien comment tout cela ne pourrait pas se terminer mal, la peur au ventre. Car si les âmes sont noires, les mains et les cœurs le sont aussi.