Par François Ayroles. L’Association, 13 €, le 11 avril 2008.

Il y a les amis qui vous cherchent des noises ou veulent décrypter à tout prix votre personnalité. Ceux dont la bassesse atteint des sommets, mais que vous appréciez quand même. Ceux qui tiennent à vous présenter leurs autres amis. Ceux que vous ne voulez plus voir mais qui, manque de bol, décidé la même chose avant vous… L’éventail est large et l’esprit de François Ayroles l’est tout autant. Il réussit à mettre férocement en cases toute une lignée de potes masculins aux prétentions tantôt adultes, tantôt de adolescentes. L’auteur du Jeu des dames voulait « tordre le cou à ce vieux concept ringard d’amitié ». Le pire, c’est qu’il y parvient par un excès de lucidité, en nous faisant hurler de rire au passage. Son trait fin en noir et blanc, redoutable de neutralité, y est pour beaucoup. Il sert un humour d’une froideur implacable au travers de saynètes muettes ou volubiles, qui s’enchaînent selon un déroulement finement étudié. Un quasi exercice de style qui ne lasse pas une seconde.

Morgan Boëdec