Les Assiégés
Quand un truand raconte une longue histoire, celle d’un tableau étonnant représentant un immeuble qui explose, il convient d’ouvrir grand ses esgourdes et de ne pas en perdre une miette. Voilà donc l’histoire de Fausto, le peintre fou, qui rencontre la petite frappe Ciru, le soir où la police entreprend de déloger les résidents d’un HLM en bout de course. L’artiste n’a pas mis les pieds dehors depuis dix ans. Le jeune porte le fantôme de son grand frère assassiné sur les épaules. Ils étaient faits pour se croiser.
Brillant exercice d’écriture en même temps que superbe thriller d’ambiance, ce one-shot embarque le lecteur dans une histoire à tiroirs, dont les multiples flashbacks contés par un narrateur manipulateur s’entrelacent à merveille. L’équilibre entre le huis-clos dans la tour en péril et le récit des événements postérieurs qui ont mené à ce moment-là pour les deux protagonistes est parfait, car il préserve une tension et un suspense rares. Une belle patine de polar social à l’italienne vient parachever l’ensemble, auquel le dessin nerveux de Vincenzo Bizzari donne toute sa puissance : son trait réaliste à la caricature juste un peu poussée dans les visages, son sens du cadrage et de la variété du découpage, son talent pour jouer avec les ombres et les irruptions de couleurs magnifient cet album à la fois très noir et très humain. Une belle claque.
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