Les Aventures – Planches à la première personne
Jimmy Beaulieu (Comédie sentimentale pornographique) est un des piliers de la bande dessinée québécoise du début des années 2000 : libraire, critique, éditeur (Mécanique générale, Colosse…), enseignant – il a notamment formé une génération d’auteurs majeurs actuels. Mais surtout auteur et porte-flambeau de l’autobiographie à une époque où, si le genre avait déjà été exploré (et notamment au Québec par Julie Doucet et Sylvie Rancourt), il restait assez rare, surtout dans la durée.
Pour Jimmy Beaulieu, cela représente plusieurs livres, des centaines de pages, une oeuvre riche, sincère, empreinte de nostalgie et aussi d’une certaine douceur. On est loin du trash de certaines œuvres mais loin aussi du culcul sans intérêt. Et pourtant Les Aventures – qui regroupe la quasi-totalité de ces travaux – est bien un ensemble de récit anecdotiques. Mais le tout fait sens, et l’on navigue entre un dessin d’une douceur extrême (particulièrement les pages rehaussées au crayon de couleur) et cette vie qui avance.
Quitter Québec, être « l’artiste de la famille » voire du village, être dans le dépit amoureux, enterrer un ami… L’ensemble n’est pas forcément chronologique mais le lien se fait avec une extrême facilité. Pas d’hésitation dans cette quasi intégrale très bien pensée (on ne saluera jamais assez l’élégance des maquettes et fabrication des Impressions Nouvelles, en évidente simplicité), aux bandes souvent remaniées, réagencées, où le dialogue se crée instantanément et où tout glisse sans lassitude malgré la masse et les quelque 352 pages.
Beaulieu, indiscutablement, est un narrateur. Et il est loin du lieu commun tendant à montrer la « poésie des petites choses ». Avec lui, cette petite vie est grande, il n’y a plus de petit et les événements, pour modeste qu’ils soient, prennent leur place pour ce qu’ils sont : des jalons, des morceaux de vie, qui deviennent un parcours de lecteur.
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