Les Aventuriers de la finance perdue
Accusée finance internationale, levez-vous ! Comprendre les rouages du système financier à travers son procès : tel est le procédé utilisé dans Les Aventuriers de la finance perdue. Autant le dire tout de suite, ce n’est pour prendre sa défense que l’économiste Christian Chavagneux, éditorialiste au mensuel Alternatives économiques, et le dessinateur James, féru de politique et d’Open Space (l’un de ses albums), ont entrepris ce décorticage en règle.
C’est avec un certain «Jérôme K.», incontournable, que s’ouvre le procès. «Mais Jérôme K. n’est pas seul sur le banc des accusés. […] , c’est bien le procès des excès de la finance qui se joue aujourd’hui», précise d’emblée la journaliste qui sert de fil rouge du récit, dont le ressort principal est évidemment l’humour (on croise dès le départ un ancien trader, auteur du best seller Ma vie avec les requins, plongée dans les eaux troubles de la finance, désormais maître-nageur). Car le procès n’est en fait qu’un prétexte pour aborder une à une les questions liées au trading, aux produits dérivés ou encore au système bancaire, pour nous entraîner dans les rouages des crises financières. Le lecteur suit en fait deux chemins : d’un coté, le procès ; de l’autre, des séries d’encarts où les explications très sérieuses sont illustrées de façon beaucoup moins sérieuse, histoire d’alléger le propos ou de l’enrichir d’une métaphore.
Le dessin efficace et expressif de James sert très bien ce stratagème, dont certaines trouvailles sont particulièrement parlantes, comme l’explication du fonctionnement des salles de marchés par la présentation d’une société d’ordres du Moyen-Age, ou la comparaison de la spéculation à des sauts dans le vide, et plus généralement la mise en regard avec des situations du quotidien saupoudrées du cynisme des marchés. Malheureusement, ce dispositif devient au fil de l’ouvrage un peu répétitif, et on commence à s’en lasser au moment où les explications se complexifient. Il faut donc s’accrocher pour atteindre le verdict. Bref, cela reste de l’économie.
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