Les Bêtes sauvages
C’est l’été, et la ville semble prise d’une étrange torpeur. Presque surnaturelle. Josh traîne avec son amoureuse Lola, entre bisous dans un squat, skate dans les rues vides et soirées un peu arrosées. Des vacances d’ados, en somme. Mais les choses pourraient tourner différemment, à mesure que des animaux sauvages apparaissent dans les bois alentour, voire carrément sur les boulevards. Lola aimerait passer à l’étape suivante avec Josh, la mère de ce dernier couche avec tout ce qui passe dans son jardin (surtout si ce sont de jeunes hommes), et les habitants s’arment jusqu’aux dents pour décimer ours, lions et loups qui menaceraient l’hypocrite tranquillité de la ville.
Loïc Godart (Bang!, Au coeur des ténèbres, Le Joueur..) propose un beau one-shot sur l’adolescence, sur ce moment de basculement où l’enfance s’efface et où un gouffre s’ouvre. Vertigineux, attirant, effrayant. Car coucher pour la première fois avec une fille ou un garçon, ce n’est pas si anodin. S’imposer face à ses parents ou face à la pression de conformité d’un groupe, non plus. Prendre une arme pour sauver sa peau, encore moins. Dans une mise en scène assez cinématographique, Loïc Godart saisit avec justesse cette marche funambule, et trouve son originalité moins dans la trame classique et l’irruption du bizarre – on entrevoit là les films de Larry Clarke ou la BD Le Roi des mouches de Mezzo et Pirus – que dans un graphisme léché dans les moindres détails. Découpage pas paresseux, cadrages inspirés, trait expressif n’ayant pas peur de la laideur des visages et des âmes (on dirait du Paul Pope par moments), hachures bien senties et couleurs soignées : Les Bêtes sauvages est d’une puissance visuelle rare et ça fait du bien.
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