Auteur prolifique et emblématique de l’horreur japonaise, Junji Itō est le descendant direct des maîtres du genre que sont Kazuo Umezu (« Umezz » pour les intimes) et de Hideshi Hino. Actuel représentant de l’horreur moderne, le mangaka avait été d’abord publié en France par la biais des éditions Tonkam, il y a presque 20 ans. L’éditeur avait entre ses mains ce que les amateurs considèrent comme son chef-d’œuvre, Spirale, sa première série, Tomie, et ont depuis publié près d’une trentaine de ses livres. Parmi ceux-ci, depuis longtemps épuisés faute de succès commercial, de nombreuses histoires courtes. Car si l’on cite souvent ses séries, Junji Itō est en réalité rompu à l’exercice de la nouvelle.

Chacun des volumes de cette collection de Chefs-d’œuvre de Junji Itō regroupe 10 de ses histoires les plus emblématiques. Sélectionnées par le mangaka en personne, chacune comprend un commentaire de l’auteur et quelques croquis/notes de l’époque, ainsi qu’un appareil critique final permettant à tout un chacun d’aller plus loin dans la découverte et la réflexion. La première chose qui surprend, c’est la diversité de propos, d’approche et de traitement qu’affiche l’auteur au fil de ses récits. Inventifs, surprenants, sordides, ses récits savent imposer un malaise, effrayer au détour d’une page, surprendre et même marquer par une illustration instantanément iconique. La deuxième est la présence de quelques obsessions latentes, qui traversent son œuvre, et que le lecteur se réjouira de trouver et recouper.

Proposé dans un grand format cartonné, comme le sont les autres titres consacrés à Junji Itō (qui a sa propre collection !) au sein des éditions Mangetsu, ces deux ouvrages sont certainement la meilleure porte d’entrée vers ses récits courts, voire vers son œuvre en général, tant il y expose nombre de ses facettes. Ce nouvel éditeur souhaitait remettre sur le devant de la scène cet auteur boudé lors de ses premières publications, c’est à présent chose faite. Mieux, sa republication est déjà un succès et s’inscrit sur le long terme, Mangtsu ayant acquis la totalité des titres de l’auteur en dehors les publications issues du catalogue de Shogakukan au Japon. De quoi re(découvrir) les nombreuses œuvres du maître aux 35 ans de carrière, tout en se laissant le temps de parcourir ses nouveautés.

© 2015 JI Inc./Asahi Shimbun Publications Inc. – Traduction : Anaïs Koechlin