Par Mathieu Lauffray, Mario Alberti, Zhang Xiaoyu, Tirso et Fabien Nury. Glénat, 13,50€, le 4 mai 2011.

Glaçante fresque horrifico-guerrière, la trilogie Je suis Légion – publiée entre 2004 et 2007 par Fabien Nury et John Cassaday aux Humanos – fait des petits. A savoir Les Chroniques de Légion, une histoire réalisée de façon chorale, en quatre tomes (prévus en deux ans).

On y retrouve deux frères ennemis, Vlad et Radu Tepes, qui ont pour particularité de pouvoir survivre en passant de corps en corps, par le sang de leurs victimes. Le lecteur suit ces joyeux drilles à des époques, dans des contrées et des enveloppes charnelles différentes.

Imaginé par le prolifique et talentueux Fabien Nury (Il était une fois en France), ce récit – évidemment inspiré de la légende de Vlad l’Empaleur/Dracula – intrigue, fascine mais laisse un brin sur sa faim. Ce premier épisode pose habilement les jalons d’une bataille qu’on imagine homérique, sans passer le stade de l’introduction bien nourrie.

Ce grief est toutefois rapidement balayé par un traitement graphique assez bluffant. Quatre dessinateurs se sont attelés aux diverses périodes évoquées. Le Français Mathieu Lauffray (Long John Silver) gère un prologue flamboyant – voir ci-dessous ; l’Italien Mario Alberti croque des personnages rugueux sur quatre séquences ; le Chinois Zhang Xiaoyu provoque l’admiration en restituant de façon très esthétique la Bérézina napoléonienne ; et enfin l’Espagnol Tirso représente une scène plus éthérée et romantique. Ce patchwork amplifie certes le saucissonnage de l’histoire, mais amène une diversité artistique bienvenue, qui incarne pleinement des temporalités et héros différents. Les Chroniques de Légion séduisent donc avec ce tome intelligemment bâti, un peu court mais terriblement alléchant.

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