Les Contes du suicidé
Une jeune épouse qui se meurt, des amants qui se suicident, un homme obsédé par la mort de celle qu’il a aimée… Voilà les thèmes des trois nouvelles d’Horacio Quiroga, auteur urugayen de la première moitié du XXe siècle, adaptées ici en bande dessinée par les Argentins Lautaro Ortiz, rédacteur en chef de la revue de BD Fierro et scénariste, et Lucas Nine – fils du dessinateur Carlos Nine – qui a notamment publié en France Dingo Romero et Thé de noix.
Il y a dans ces histoires du Edgar Allan Poe ou du Guy de Maupassant, dans leurs moments les plus sombres. Des héros déambulant tels les fantômes qui les hantent, affres de leur conscience qui les harcèlent. C’est gothique, noir, un brin cruel, un brin cynique aussi, surtout vis-à-vis de l’amour, qui ne survit guère à la mort, à l’inverse de ce que l’on pourrait attendre.
Mettre en lumière cet auteur méconnu en France est une riche idée. Si la BD se suffit à elle-même, on est titillé par l’envie de lire Horacio Quiroga dans le texte. Objet longiligne (16 sur 30 cm de haut), la BD accompagne ces longues figures fantomatiques. Lucas Nine se fait plaisir : on pense à ces expérimentations picturales de l’époque de Quiroga quand les portraits, qu’is soient de Picasso ou d’Egon Schiele, représentaient davantage les sentiments et les tourments des sujets que la figure elle-même. La dernière nouvelle tente même l’incursion photographique pour coller au sujet. Une belle découverte et un album original.
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