Les Couleurs de Yuki #1-4
Yuki est une campagnarde qui vit à Tokyo pour gagner sa vie. Un jour alors qu’elle est dans une galerie d’art et que tout le monde s’extasie face à l’œuvre d’un jeune peintre, elle n’hésite pas à dire ce qu’elle pense et à jeter son dévolu sur une œuvre que peu avaient remarqué. Il se trouve que celle-ci était en réalité celle de Gentarô Honda, un vieux peintre renommé, mais sorti du monde de l’art depuis des années. À partir de là va se nouer une relation entre la jeune femme et ce vieillard, qui semble trouver en elle une nouvelle muse.
Le vieil homme reprend ses pinceaux et entame en parallèle l’initiation artistique de Yuki. Son trait d’apparence simpliste plait beaucoup au grand maître. Car ici il n’est pas question de beauté, mais d’authenticité, de vie, de sentiments, de ressenti et d’humanité. Qu’est-ce qui fait qu’une œuvre transporte et arrive à faire vivre des émotions ? Il est toujours difficile de le déceler de manière objective, mais ce qui est certain pour Gentarô, c’est que Yuki possède le don de croquer les personnes qui l’entourent en sachant trouver la justesse nécessaire à l’obtention d’œuvres qui touchent.
On connaît surtout Saburô Ishikawa pour sa série Une sacrée mamie. Tombées sous son charme, les éditions Black box ont eu la belle idée de lui consacrer une collection regroupant pour l’instant cinq de ses titres, notamment Plus haut que le ciel et ces Couleurs du Yuki. Comme on sait maintenant que le mangaka brille dans la représentation des relations humaines chaleureuses et bienveillantes, on n’est pas surpris de l’attitude un brin naïve, protectrice, douce et persévérante de la jeune Yuki.
Toujours porteuses de belles valeurs, les œuvres de l’auteur sont délicates et simples. Si le déroulé est parfois un peu facile ou forcé (comme dans le dernier tome de cette série, qui n’apporte rien au récit), on lui pardonne aisément. Son monde idéaliste, sa sensibilité et son attention à tout un chacun offre un moment de lecture agréable et de belles tranches de vie.
Et ce manga est d’autant plus touchant qu’il vibre et résonne en accord avec son contenu. Le trait pas parfait, pas moderne et ne collant pas aux canons du genre de Saburô Ishikawa a justement cette force évocatrice qui retranscrit les sentiments et relations avec tant de minutie qu’il lui correspond totalement. Un peu comme Yuki, l’auteur dessine pour chercher la justesse plutôt que la beauté. Et là, c’est totalement réussi.
© by ISHIKAWA Saburô / Blackbox Editions – Traduction : Gaëlle Garcia (1), Mélissa Millithaler et Corentin Le Corre (2 et 3), Aline Kukor (4).
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