Les Culottées #2
En douceur, au fil des albums, elle est passée d’une BD dite “féminine” (Joséphine) à une bande dessinée féministe, subtilement engagée. Avec Les Culottées — en deux volumes —, Pénélope Bagieu signe un catalogue puissant, jamais ennuyeux ou trop linéaire, de destinées de femmes brillantes. Citons Clémentine Delait, femme à barbe du XIXe siècle qui assume ses poils, devient riche et célèbre ; Agnodice, gynécologue du IVe siècle avant J.-C., qui se déguise en homme pour exercer ; Sonita Alizadeh, rappeuse afghane (installée en Iran) qui défie la charia, en s’engageant contre les mariages forcés ; Thérèse Clerc, militante pro-IVG, qui invente les maisons de vieilles dames (les babayagas) ; Nellie Bly, journaliste américaine, pionnière de l’investigation ; ou encore l’actrice Hedy Lamarr, inventrice de l’ancêtre du wi-fi…
Le dispositif est simple, le trait minimaliste et fluide. L’abondance de texte est contrebalancée par des décors rares ou inexistants, et des couleurs ponctuelles — sur les visages, beaucoup —, qui égaient et mettent l’accent sur les personnages. Le ton mêle rigueur et humour, portant des résumés forcément rapides, néanmoins bien rythmés. Initialement publiées sur le site du Monde, ces biographies en quelques pages démontrent que tout est possible. Car leurs sujets, “des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent” ont, à travers les époques, valeur d’exemplarité. Par ce diptyque, Pénélope Bagieu véhicule de façon militante, claire et enlevée une idée immuable de la modernité.
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