Les Daronnes



Une fois adulte, se rendant compte de la difficulté de gérer un foyer, l’auteur coréen Yeong-shin Ma a offert un jour un carnet à sa mère, pour qu’elle y raconte les événements les plus marquants de sa vie. Une vie marquée surtout par une double quête sans fin : celle de gagner suffisamment d’argent pour boucler des fins de semaine tendues et celle de trouver un homme stable pour partager sa vie. Alors, s’inspirant du récit maternel, Yeong-shin Ma a composé une bande dessinée fleuve sur des femmes solitaires luttant chaque jour pour un peu de tendresse, un peu de reconnaissance, et peut-être un peu d’espoir de pouvoir vieillir en paix.
On suit donc So-yeon, trois enfants et les dettes d’un mari accro au jeu duquel elle a fini par divorcer. Elle travaille pour une entreprise de nettoyage, et ne s’accorde que quelques rares loisirs. Des sorties avec son copain qui, lui, est accro à l’alcool, aux femmes et au mensonge. So-yeon s’investit aussi dans la création d’un syndicat, pour défendre les droits de ses collègues contre un patron pervers. Mais ce sont des obstacles de plus sur la route d’une vie tranquille…
À travers un enchaînement de séquences quotidiennes, ce manhwa au trait fin et un peu raide brosse le portrait acide d’une société coréenne inégalitaire et machiste, qui fait reposer sur les femmes la gestion du foyer, des enfants, du budget du ménage et même les extras que ces messieurs veulent s’offrir. Il dépeint des femmes qui triment, sans aucune reconnaissance, et qui se disputent – parfois violemment – le premier vague beau gosse venu, comme si ce trophée allait leur rendre la vie plus rose… Alors que c’est bien souvent le contraire : pas un homme qui relève le niveau dans ce sinistre tableau ! C’est parfois cocasse, parfois un peu trash, souvent énervant et émouvant : ces Daronnes abordent sans fard des sujets rares sur une Corée à l’image souvent trop lisse, et mettent en avant avec subtilité tout une palette de sentiments ambigus. Original dans sa mise en scène et engagé dans son point de vue, cet album ne laissera pas indifférent.
Articles Récents
Commentaires Récents
- La bande dessinée dans tous ses états… | Cercle Progressiste Carnussien { […] L’étranger, BD de Jacques Ferrandez (source © J. Ferrandez... }
- rémi sur Jérémie Moreau : "Montrer la puissance extraordinaire de la nature" { Je suis perplexe. Il nous parle de la nature, mais... } –
- Gance sur Best of 2024 : les meilleures BD de l'année { Le top de moi-même 1 Au dedans McPhail 2 La... } –
- Juju sur Peter Pan de Kensington { Un Peter Pan comme je ne le connaissais pas. Mais... } –
- Juju sur Shin Zero #1 { C'est LE manga du moment. Des auteurs à succès. Des... } –
- Yvon Bertorello | Nouvel Hay { […] Roure, « Le Prince de Sassoun [archive] », BoDoï, 11 octobre […] }
Publiez un commentaire