Les + de bodoi.info : UNE INTERVIEW DE CABU
Dans BoDoï 99, Cabu dévoile une facette inédite de son travail : ses innombrables croquis de Paris et des parisiens. Alors que l’exposition de ses travaux va s’ouvrir à la mairie de Paris (1) et que sort le catalogue de cette expo (2), bodoi.info vous offre une interview du caricaturiste qui revient sur son dessin, le journalisme et son grand amour… Paris.
Propos recueillis par Allison REBER
1) Cabu et Paris à l’hôtel de ville de Paris du 21 septembre au 27 janvier. Entrée gratuite. Tous les jours sauf dimanches et fêtes de 10h à 19h.
2) Catalogue de l’expo Cabu et Paris, Hoebecke, 180 pages, 29,50 euros.
CABU RAFFOLE DES LUSTUCRU
À quoi ressemble l’exposition ?
CABU : Les planches originales sont présentées sur des tables. Elles sont ainsi plus lisibles qu’accrochées au mur. L’expo présente également 20 inédits sur les arrondissements de Paris et des éléments biographiques. Pour retracer les étapes de ma carrière, il faut remonter loin : j’ai publié mon premier dessin à 15 ans dans L’Union de Reims, un journal de Châlons-sur-Marne !
Comment se retrouve-t-on exposé à la mairie de Paris ?
Je dessine pour À Paris, le journal de la ville. Bertrand Delanoë, le maire, m’a proposé de faire une expo sur Paris. Il m’a demandé si j’avais assez de dessins sur le sujet. Moi qui croque les rues de la capitale depuis 50 ans ! Bernard Fournier, un ami de 20 ans, ancien directeur artistique de L’Équipe, est commissaire de l’exposition et a réalisé la mise en page du catalogue. Pour ce dernier, je lui ai simplement collé mes croquis dans les pattes ! Il a monté des doubles pages, agrandissant certains dessins, laissant des vides pour que je puisse en ajouter d’autres et glisser des commentaires. J’ai même rafistolé certaines caricatures en recollant des bouts de papier. Parfois le papier n’est pas de la même couleur et cela se voit ! Les visiteurs de l’expo découvriront mes coulisses, mes rustines !
Vous venez de Châlons-sur-Marne. Généralement, les provinciaux détestent Paris !
Quand j’ai débarqué dans la capitale après la Guerre d’Algérie, Paris m’a beaucoup impressionné. Mais je ne l’ai jamais détesté. Par contre, je hais les bagnoles. Paris est une ville du XIXe siècle faite pour les fiacres !
Ces croquis de ville vous aident-t-ils pour vos caricatures ?
Faire des croquis, c’est travailler sans esquisse. Grâce à cet entraînement, j’évite de répéter toujours le même trait, les mêmes petits mickeys formatés. On a tous un style, même en caricature. Je vais aussi régulièrement dans une académie de dessin de nu, rue de la Grande Chaumière, étudier les proportions, les mouvements. L’anatomie est la base du dessin humoristique.
Après 50 ans de dessin, vous faites encore des exercices ?
Bien sûr. Il faut toujours se méfier. Jacques Faizant, qui travailla si longtemps pour le Figaro, à la fin ne dessinait plus si bien. Je voudrais éviter cela. J’aime les dessins où l’on peut s’attarder. Récemment, à l’exposition Dubout, j’ai vu des visiteurs rester un quart d’heure devant chaque illustration tant elles sont détaillées. C’est un régal ! Dans certaines BD, une fois la bulle lue, vous n’avez pas de quoi vous attarder sur l’image. Chez Dubout, au contraire, les illustrations se passent de commentaires. Je recherche à atteindre ce type de dessin élaboré.
Avec quoi dessinez-vous ?
À ma table à dessin, j’utilise des plumes dont j’apprécie la griffe. Dans la rue, j’utilise un feutre parce qu’il laisse toujours une trace malgré la rapidité du geste. Je ne me sers pas de rotring, ces crayons dont l’encre de Chine ne coule pas assez vite pour un croquis sur le vif.
Retravaillez-vous vos croquis une fois rentré dans votre atelier ?
Tous mes dessins sont commencés sur place. J’ajoute les noirs, je dessine les feuilles des arbres à ma table à dessin. Si je peux m’installer sur un banc, je finis tout de suite. Je retouche mes carnets pour donner la même densité et une bonne lisibilité à chaque dessin. Dans un journal, un lecteur n’accorde que trois secondes d’attention à un dessin. Il faut qu’il identifie tout de suite la personne caricaturée. Dans un livre, même si le lecteur dispose de plus de temps, je cherche toujours la lisibilité maximum. Je fais du journalisme dessiné.
Le dessin est-il un bon outil pour un journaliste ?
Le dessin est un bon médium pour traiter l’actualité. Par exemple, en 1967, j’ai suivi le procès Ben Barka, pour le Figaro (c’était avant la vente du journal à Hersant, j’ai des circonstances atténuantes !). Le dessin d’audience est la revanche du dessinateur puisque les photographes sont interdits dans les tribunaux. Durant les 45 jours du procès, je devais rapporter au journal un dessin prêt à l’emploi, sans possibilité de retouche. Je dessinais beaucoup et ne choisissais qu’à la fin. C’est bien la preuve qu’il est possible de faire du véritable journalisme en dessin.
Cabu et Paris fait tout le tour de la ville. Comment choisissez-vous vos itinéraires ?
Depuis mon appartement de Saint-Germain-des-Prés, je peux sillonner Paris à pied. Je sors toujours avec mon petit carnet. Par exemple pour me rendre à Charlie Hebdo, rue de Turbigo dans le IIIe, j’ai plusieurs itinéraires, passant par quatre ponts différents.
Comment choisissez-vous vos victimes ?
C’est instinctif. Je sors mon carnet dès que j’aperçois quelque chose de ridicule. Je dessine souvent les agents de la circulation, dit les Lustucru à cause de leur képi. Les gens m’inspirent. Ça tombe bien, partout dans Paris vous vous cognez dans quelqu’un !
© Cabu et Paris, Hoebecke.
(Illusrations extraites de Cabu et Paris)
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« ODE A CABU » , « la petiote « .
… dessine , invente , croque!
CABU ! la vie de bric et de broc
pour nous changer les idées
à l’encre de tes plumes
raconte moi , la rue en images
croque sur le vif des gens
à visage humain au coeur du peuple v
vole des regards des espoirs des gestes
dis moi , que tout n’est pas perdu
que l’humour apelle à l’amour
au feu sacré de tes croquis
ouvre moi ton âme d’enfant
pour l une petiote et son gavroche
qui rêve de fraternitée sur terre
qui rêve de liberté à tout va
d’un monde en multicouleur
croque! esquisse ! avec délice
les pigeons les riches les gueux
souris moi sur ta feuille de jour
je brùle dans l’hivers
de voir de mes yeux
tes carnets magiques
sur place de l’hôte de ville
avec au loin ce couple d’amoureux qui s’embrasse
sous l’oeil farceur et magique de doisneau
volent tous les petits piafs! au vent rose
y’a une fille en bleu qui veut tout r changer
elle rêve à la pointe de ton feutre
de croquer un poème , sur un pont dans parisamitiée, toute mon admiration; vraie.
M*
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