Par Philippe Chanoinat et Frédéric Marniquet. Delcourt, 12,90 €, le 21 octobre 2009.

Dans les années 20, un fameux romancier irlandais, spécialisé dans le fantastique, reçoit un bien encombrant héritage: le château dans les Carpathes d’un vieux comte ayant inventé une machine à matérialiser les rêves. Malgré ses appréhensions, l’écrivain se rend sur place avec un solide Écossais comme garde du corps, et découvre l’impensable: les grands « monstres » de la littérature classique ou de l’inconscient collectif du XIXe siècle (Mister Hyde, le Pr Moriarty, Jack l’éventreur…) sont devenus réalité !

Voici un album qui se présente comme volontairement incongru et fantaisiste, mais qui, par une accumulation de maladresses, se tire une balle dans le pied (ou plutôt tout un barillet). Pour une bande dessinée qui veut rendre hommage à la littérature fantastique, on ne peut lui pardonner certaines erreurs flagrantes. Comme la nouvelle d’Edgar Poe Double assassinat dans la rue Morgue qui devient Le Fantôme de la rue Morgue, et dans laquelle un orang-outan est l’arme du crime et non un gorille comme cité dans l’album. Ou l’écrivain Robert Bloch, présenté ici comme un des meilleurs romanciers contemporains (nous sommes au début des années 20) alors qu’il est né en 1917 !

Mais s’il n’y avait que ça… Les auteurs souhaitent ostensiblement perpétuer une certaine tradition de la bande dessinée d’aventure à l’ancienne, façon Blake & Mortimer, sans la parodier. Mais comment supporter encore ces dialogues interminables et redondants ? Plombant l’action et jamais drôles, ils ne font que commenter les événements, et enchaîner les perles avec les évidences. Côté dessin, ce n’est guère plus brillant. Passons sur les visages plus ou moins difformes selon les cases. Mais difficile de ne pas constater les problèmes de perspectives, d’ombres et de proportions, qui rendent un bien piètre hommage à la ligne claire… À fuir.

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