Les Derniers Jours de Superman
Il a passé sa vie à incarner un idéal de justice, affrontant sans relâche les forces du Mal. Mais voilà, même Superman, héros parmi les mortels et les innocents, semble avoir un talon d’Achille. C’est au cours d’une interview de Lois Elliot (ex-Lois Lane, compagne du super-héros) qu’un journaliste retrace ses derniers faits d’armes et ses combats ultimes. Le crépuscule d’une vie passée à protéger les faibles et combattre l’injustice…
Puissante réflexion morale sur le Mal, la mort et leurs déclinaisons crépusculaires, Les Derniers jours de Superman offre un de ces rares moments de bravoure en comics mainstream. Rien d’étonnant quand on lit le casting : l’immense Alan Moore au scénario, épaulé au dessin par Dave Gibbons, Rick Veitch ou encore Curt Swan. L’album regroupe ainsi trois histoires publiées entre 1985 et 1986. Et posent toute la question du caractère faillible de l’Homme d’Acier, nostalgique de ses origines kryptoniennes et réputé indestructible. Confronté à une maladie mortelle ou à des avatars aussi redoutables qu’ancestraux – Mongul, Luthor/Brainiac, Bizarro et sa symétrie inversée –, emmêlé dans ses histoires de cœur (Lois Lane ou Lana Lang ?), Superman se montre d’une vulnérabilité touchante, entouré de ses vieux amis, la Légion des Super-Héros.
De l’action, des luttes homériques, des voyages spatio-temporels, l’album les multiplie mais brille surtout sous la plume aux multiples trouvailles de Moore, qui préfère à l’action pure ce qui justement la motive ou la dépasse et que l’on ne voit pas ou peu. Beaucoup d’adrénaline et de réflexion donc, mais surtout de l’émotion bien sentie qui joue avec notre inaptitude à voir Superman autrement qu’en être invincible. Faible, plein de détresse ou malade ici, Superman change de dimension. Plutôt qu’une fin définitive où le sacrifice confine au mythe, Les Derniers jours de Superman ouvre un champ de visions sans limites, sinon un désir d’éternité. Car c’est bien connu, au fond, chacun reste persuadé de l’immortalité du surhomme, humain trop humain…
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