Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image

BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | November 14, 2024















Retour en haut de page

Haut de page

2 Comments

LES + DU BLOG : « BATTAGLIA, UNE MONOGRAPHIE » 1/3

2 octobre 2006 |

AUX COTES DE PRATT ET TOPPI !
Dino Battaglia (1923-1983) a raté sa vocation. Il rêvait de devenir illustrateur mais, après la seconde guerre mondiale lorsqu’il entreprit sa carrière, seule la BD offrait des débouchés sérieux. Il travailla donc pour des revues italiennes aux côtés de Pratt ou de Toppi. Pour se venger, il transgressa les codes de la BD, faisant éclater les cadres des cases, abandonnant le trait simplifié des comics pour un dessin élaboré et précis.
Les éditions Mosquito, qui publient en France les œuvres de cet Italien (Gargantua et Pantagruel, Contes et Légendes…), éditent aujourd’hui sa monographie. Tâche difficile puisque Battaglia affirmait : « Je n’aime pas les interviews, ni les entretiens centrés sur ma personne. Je pense que cela peut susciter de l’antipathie, de plus on passe toujours pour présomptueux, snob ou idiot. Je ne veux pas être un condensé de tout ça ! » Mosquito a donc compilé ses rares interviews et demandé des précisions à sa femme. Extraits.
Allison REBER



LA GUERRE : ANTIFASCISTE PAR AMOUR DES UNIFORMES ANGLAIS
BATTAGLIA : « Je suis né à Venise le 1e août 1923 et c’est là que j’ai terminé mes études au lycée artistique. Cela fait tellement longtemps que je dessine que je ne me souviens plus quand j’ai commencé ! Dès l’enfance, j’ai aimé le dessin, c’était ma façon de communiquer. À l’école, je préférais m’exprimer par un dessin plutôt que par l’écrit. J’aurais aimé faire des études à l’Académie, et je pensais déjà à l’illustration. Parmi mes lectures de jeunesse, il n’y avait pas de bande dessinée. Dans les journaux pour enfants, il n’y avait que des illustrations. Et, entre nous, je pensais que l’illustrateur était plus cultivé que l’auteur de bande dessinée. Je reste désespérément attaché à cette distinction, je persiste à préférer un conte à un récit type Fort Apache.
Le fascisme a été une période très sombre. Mon antifascisme s’est basé au départ sur des réactions puériles et esthétiques. Il ne s’agissait pas alors d’une opposition idéologique. Paradoxalement, on peut dire que les impeccables uniformes anglais des Lanciers du Bengale et des films de l’époque ont contribué de façon déterminante à mes choix. D’un côté des uniformes tirés à quatre épingles, de bonne coupe jusqu’aux shorts descendants au genou et de l’autre d’horribles braies noires boursouflées, mal fagotées et mal fichues. Ah, quel Saint Frusquin lamentable ! Fez, vilaines chemises plombées, oripeaux, clinquants, foulards bleus de Babilla, médaillons et tricots de peau portant le sigle GIL pour la gymnastique ainsi que ces immondes culottes noires et brillantes retenues par un élastique ! Et pour couronner le tout, ce goût pour les pantalons bouffants qui tombaient d’un coup sur des guêtres étriquées ou des bottes, le tout résumant au final, si l’on peut dire, une ligne politique ! »

NOYADE EN SERIE DANS UNE BAIGNOIRE
Madame BATTAGLIA : « Contrairement à ce que pourraient donner à penser tant de bandes dessinées avec un arrière-plan guerrier, Dino était un pacifiste. Pendant la guerre, il était dans la défense anti-aérienne et quand arriva le huit septembre on lui laissa le choix d’adhérer à la République de Salo ou de finir en camp de concentration. Sans la moindre hésitation, il choisit la seconde alternative, puis avec trois amis, il décida de s’enfuir lors de leur transfert. Au moment convenu, les uns prirent peur et renoncèrent, lui en revanche sauta du train et rejoignit une église dans les environs de Padoue. Là-bas un prêtre l’aida à rejoindre son père à Venise. Quand on se rendit compte de sa fuite, on lui donna la chasse pendant un moment et certaines fois, il dut s’enfuir par les toits, mais on ne se donna pas trop de peine pour le rattraper. Il rejoignit un groupe de jeunes partisans vénitiens. On lui donna un fusil, mais connaissant bien Dino, je suis convaincue qu’il était le plus souvent déchargé.
L’univers des uniformes avec son élégance le fascinait. Enfant, ses jouets avaient toujours été des petits soldats. Quand il a grandi, il a gardé cette passion, réalisant lui-même ses petits soldats en bois. Cette passion était née quand une de ses tantes lui avait rapporté une boîte de magnifiques petits soldats de France. Il remplit aussitôt la baignoire, prépara un navire en papier sur lequel il fit embarquer ses soldats pour affronter l’ennemi. Ce qu’il ne savait pas c’est que ces beaux soldats étaient en papier mâché et qu’ils connurent dans l’eau une fin lamentable ! C’est de là que lui est venue cette passion pour laquelle il m’est arrivé de courir avec lui les magasins en quête de petits soldats de papier, de fer ou de plomb… »

Prochain extrait : « NOUS NOUS GAVIONS DE CANIFF »

Battaglia, une monographie
, 98 pages n/b, Mosquito, 13 euros. Témoignages de Madame Battaglia, Pratt et Toppi. Articles de Cuozzo, Douvry, Lador et Péju.

Illustrations extraites de Battaglia, une monographie © MOSQUITO, 2006.

(Les titres et inters sont de la rédaction).

Voir les autres dossiers : 2/3, 3/3

Commentaires

  1. slt a toi

  2. slt a toi

Publiez un commentaire