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Les + du Blog: « BRUNO BRAZIL »

2 janvier 2007 |

COMMANDOS AU MUR

Devinette : qu’y a-t-il de commun entre Greg, l’immense scénariste BD des années 1960-90 (Achille Talon, Comanche, Bernard Prince) et Joël Houssin, le scénariste malin de David Nolane, feuilleton fantastico policier qui vient de donner des ailes aux audiences de France 2?
Vous donnez votre langue au chat?
Des histoires de commandos pas comme les autres.
Celui de Greg s’appelait Commando Caïman et son boss répondait au doux nom de Bruno Brazil. Ça commence à vous dire quelque chose? On était juste avant mai 1968 et un certain Louis Albert s’amusait à jeter un pavé dans la mare en peaufinant des super-héros anti-héros pas possibles. Les membres de son équipe, brushing impeccable pour les mecs, silhouette faite au moule pour la seule femme, traquaient les méchants sans états d’âme excessifs. Une trame plutôt politiquement incorrecte à une époque où les pavés n’imaginaient pas une seconde qu’ils allaient squatter l’espace aérien du quartier latin deux mois plus tard.


Pour dessiner ces voyous lookés gravures de mode qui appliquaient la loi de la jungle dans les centre-villes, Louis Albert -pseudo de Greg- avait choisi, c’était osé, un artiste spécialisé dans le western et les aventures marines. Mister William Vance. Celui-ci se lança dans l’aventure sans complexe. Cela lui fit une bonne mise en doigts pour attaquer, seize ans plus tard, les aventures d’un certain XIII dans le journal de Spirou (si, si). Bien décidé à faire exploser les histoires traditionnelles à l’éternel happy end, Greg, dans l’ultime épisode de Bruno Brazil, Quitte ou double pour Alak 6, hachait menu une bonne partie de l’équipe. Ce qui lui valut d’être traité d’assassin par des lecteurs. En fait, l’auteur avait prévu de réunir les survivants et de constituer un Commando Caïman tout nouveau tout beau. Hélas, pris par d’autres centres d’intérêts, dont l’implantation de Dargaud aux États-Unis -qui fut un vautrage intégral-, Greg ne remit jamais en selle les Caïman’s brothers. La série resta, grâce aussi à un saupoudrage d’humour conséquent, comme une BD d’espionnage pas comme les autres.
Mais revenons à Joël Houssin. Surdoué de l’écriture populaire, auteur de romans de SF1, papa d’une série joyeusement déjantée, Le Doberman, qui fut un best dans toutes les prisons françaises, en particulier pour une évasion de la Santé au harpon à baleine à s’en faire péter les zygomatiques, il réalisa au milieu des années 1980 une série dont il eut tellement honte qu’il la signa David Rome. Scum racontait les aventures glauques, jouissives et enflammées d’un commando ultime, ramassis de frappés-dingues revenus de tout et louant leurs talents -explosifs- à des tarifs -explosifs- aux pays se débattant, déjà, contre des barbus bien décidés à foutre une rouste commack aux roumis de tous poils. Entre deux missions suicides, le chef du Scum exerçait le métier d’artiste porno intermittent. Le porte-parole du groupe était un ex-officier à la jambe de ferraille, homosexuel et toxico. L’élément féminin, évidemment blonde ravageuse, avait pour caractéristique principale d’être mythomane au dernier degré. Des seconds couteaux, jumeaux venus du froid et doté de la puissance de feu d’un contre-torpilleur, nain jaune redoutable exilé du Vietnam expert à toutes les lames et autresSCUM.gif malfaisants, valaient tous leur pesant de venin de crotale.
Au bout de six titres, Houssin abandonnait sa petite troupe après qu’elle eut envoyé au tapis une cinquantaine de fanatiques voilées qui avaient investi et ravagé le centre de New-York. À l’issue du carnage -cent femmes au tapis, moitié arabes, moitié américaines, de quoi exploser la routine bien pensante- les Scum découvraient que toute l’opération avait servi à faire élire un républicain pourri jusqu’à l’os. Et se retiraient un brin las, chatouillés par la désagréable impression de s’être fait manipuler de première. Cela en 1988, treize ans avant le 11 Septembre…
Quoi de commun entre le commando Caïman de Greg et le Scum de Houssin? Sans doute une volonté de démystifier, tout en les sublimant -ne soyons pas dupes-, les romans d’espionnage de l’après guerre. Et dont les « héros », de Coplan l’agent secret franchouillard et insupportablement macho imaginé par Kenny, à Hubert Bonisseur de la Bath, surnommé OSS 117 par son créateur Jean Bruce, donnaient de la guerre de l’ombre une vision manichéenne et imbécile.
Aujourd’hui, deux aventures de Commando Caïman clôturent la belle série d’ouvrages à l’ancienne du Lombard célébrant ses soixante ans2.
Houssin, lui, triomphe sur France 2. Mais les romans de David Rome et leurs couvertures bariolées et provocatrices, leur écriture incisive, haute en couleurs et à l’humour froid dévastateur, pourrissent depuis longtemps dans les poubelles de l’histoire de la littérature populaire.
Dommage.

1) Dont le superbe Blue, adapté en BD par Philippe Gauckler en 1985. Gauckler réalisa ensuite la première odyssée virtuelle, imaginée par Thierry Smolderen, Les Aventures de Karen Springwell (Humanos) qui n’eurent pas le succès mérité. Après une longue période consacrée à la pub, Gauckler est revenu en 2006 avec une histoire destinée la jeunesse, Prince Lao, au Lombard, qui décrocha un prix au dernier festival de Solliès.
2) Bruno Brazil, de Vance et Greg, cartonné de 104 pages comprenant Le Requin qui mourut deux fois et Commando Caïman. Dos toilé bleu, 24 euros.

Commentaires

  1. Could you help me. We think in generalities, but we live in detail.
    I am from Estonia and learning to read in English, give please true I wrote the following sentence: « I just attended craig’s seminar “how to write a book and self publish it in days or less” and is was great. »

    With best wishes :(, Serena.

  2. Could you help me. We think in generalities, but we live in detail.
    I am from Estonia and learning to read in English, give please true I wrote the following sentence: « I just attended craig’s seminar “how to write a book and self publish it in days or less” and is was great. »

    With best wishes :(, Serena.

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