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ASSURANCE TOUS RISQUES POUR ASTERIX AUX JEUX OLYMPIQUES
Le cinéma, un métier à risque ? Pas pour tout le monde. La fameuse réplique «Accroche-toi au pinceau, je retire l’échelle» ne s’applique semble-t-il pas à Albert Uderzo et Anne Goscinny, les ayant droits d’Astérix : l’hebdomadaire Le Point* révèle que le minimum garanti qu’ils toucheront pour la sortie d’Astérix aux Jeux Olympiques, en tournage à Alicante, est de trois millions d’euros. Trois fois plus que pour Astérix et César (1998, un million), et une fois et demie plus que pour Astérix : mission Cléopâtre et Astérix et les Vikings (2000 et 2004, 1,5 million). Explication de ce bond vers les étoiles, l’énorme succès d’Astérix : mission Cléopâtre signé Alain Chabat, 14,5 millions d’entrées.
Seul bémol, ajoute Le Point, «le semi-échec du film d’animation Astérix et les Vikings. Les clauses d’intéressement n’ont pas pu jouer car le film –stagnant à 1,3 millions d’entrées en France- n’a pas atteint le seuil déclencheur des 2,5 millions d’entrées. »
Un demi-échec que Thomas Langmann, (fils de Claude Berri, Astérix contre César), producteur et coréalisateur d’Astérix aux Jeux olympiques, entend bien éviter. En tout cas, il s’en est donné les moyens. Le Point révèle les dessous d’un casting qui ne doit pas tout à la qualité professionnelle des acteurs choisis : « À ce niveau de budget (90 millions d’euros), le film (sortie prévue en janvier 2008) ne pourra pas être amorti avec les seules entrées en France. Il devra prendre la tête du box-office dans plusieurs pays dont l’Espagne (d’où la présence au casting de Monica Cruz, la sœur de Penélope), la Grande-Bretagne (David Beckham), l’Allemagne (Michael Schumacher), le Québec (l’humoriste Stéphane Rousseau), et plus si affinité…
«On touche-là au paradoxe d’Astérix : à l’heure où la France est en panne d’Europe, c’est au plus franchouillard des héros que Langmann a confié la mission de conquérir le vieux continent. Une épreuve marathonienne pour cet Astérix aux Jeux olympiques qui, en 2008, précédera de six mois les Jeux de Pékin. Le marketing du film ne doit rien au hasard » conclut Emmanuel Berretta, le journaliste du Point.
Du côté des éditions Albert René – assurées donc d’empocher trois millions d’euros quel que soit le succès du prochain Astérix-, on développe un brin de paranoïa, affirmant dans un communiqué à la presse que « l’Empire nous épie et colporte, parfois des rumeurs, des balivernes, bref des mensonges.»
De quoi s’agit-il ? La suite du communiqué laisse baba :
«Albert Uderzo, contrairement à ce que l’on peut souvent lire ou entendre à l’occasion de la rediffusion de Mission Cléopâtre sur TF1 (mardi 14 novembre 2006 après J.-C.), a beaucoup aimé ce second opus d’Astérix, y compris les prestations d’acteurs comme celle de Jamel Debbouze ou celle de Gérard Darmon, notamment. L’esprit des aventures qu’il avait créé avec son ami René Goscinny y avait été complètement respecté avec, à chaque fois, la sensibilité particulière de l’auteur de film. Comme cela sera le cas pour Astérix aux Jeux Olympiques, aux bons soins des nouveaux druides experts en salles obscures : Thomas Langmann, Frédéric Forrestier et leurs équipes, en charge du développement de ce nouvel opus.
«D’autre part, si le projet développé par Gérard Jugnot n’a pas abouti en 2002, c’est tout simplement parce que les sensibilités des auteurs n’avaient pu s’accorder à l’époque. Ce sont des évènements normaux qui jalonnent la vie de tous les projets du monde. Il n’y a donc pas plus de querelles en Gaule que dans notre Village, juste quelques poissons, parfois…»
Qu’en termes diplomatiques ces choses-là sont dites. Il est de notoriété publique qu’Albert Uderzo s’est senti exclu de la réalisation de Mission Cléopâtre par Alain Chabat. D’où son exigence de participer activement à la réalisation du prochain Astérix. Bien sûr ces péripéties font parties de la vie normale d’un personnage comme Astérix, et c’est heureux. Mais à vouloir présenter la réalité sous des couleurs forcément idylliques et dans des termes qui font sourire toutes les rédactions de France et de Navarre, on risque d’y laisser une bonne partie de sa crédibilité.
Si un seul doit résister aux vertiges de la langue de bois, on aimerait autant que ce soit notre irréductible Gaulois…
* Le Point n° 1782, du 9 novembre 2006.
Images © Goscinny/Uderzo-Editions Albert-René.
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