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Les + du blog : DUFAUX, LE REVEUR DE MONDES 2/4
Niklos Koda (dessin Grenson) : un glissement progressif vers des chemins non balisés © Le Lombard.
Au départ, cette série semble se conformer au rituel de la collection Troisième Vague du Lombard, basée sur des intrigues d’espionnages, avec enquête rationnelle et prise du coupable à la fin. Je m’amuse à faire que les choses échappent doucement à Niklos Koda tandis que son image, lisse au départ, devient de plus en plus sinueuse. Koda est une histoire rationnelle qui subit les coups de boutoir de l’irrationnel et du fantastique. C’est passionnant. Mais pas évident. Il fallait qu’Olivier Grenson me suive sur ce chemin qui demande une mise en scène et une appréhension différente du dessin et de la mise en scène. Olivier joue le jeu à fond. Le huitième tome de cette histoire à tiroirs, Le Jeu des maîtres, arrive en novembre.
« DU BOUILLONNEMENT AU DETACHEMENT »
Une carrière, c’est un passé et un futur qui font le présent. Voici vingt-cinq ans que mes histoires sont publiées. Si elles fonctionnent toujours, c’est sans doute parce que je me méfie de ce que j’appelle le confort intellectuel. Il ne faut jamais privilégier les pistes de l’argent qui consistent à faire tourner ad vitam eternam un héros qui a du succès, quitte, parfois, en le faisant reprendre par d’autres. Être perpétuellement éveillé et vigilant, se méfier de toute routine permet de garder des contacts et de s’en faire de nouveaux. C’est l’essentiel.
Dans ma vie professionnelle, il y a eu trois stades. D’abord le bouillonnement, le stade le plus violent de ma carrière, dont une grande partie s’est faite aux éditions Glénat. Ensuite l’apaisement, à la fin de ma collaboration chez Glénat, et au début de celle chez Dargaud. Enfin le stade du détachement qui m’a permis de glisser l’humour dans mon travail. Ce troisième stade m’apporte également un surplus de liberté. C’est essentiel à mon âge. Depuis une quinzaine d’années, j’écris sur mon travail, sur mon évolution à travers ces différents stades. Ces notes deviendront certainement un livre.
Dans ma vie professionnelle, il y a eu trois stades. D’abord le bouillonnement, le stade le plus violent de ma carrière, dont une grande partie s’est faite aux éditions Glénat. Ensuite l’apaisement, à la fin de ma collaboration chez Glénat, et au début de celle chez Dargaud. Enfin le stade du détachement qui m’a permis de glisser l’humour dans mon travail. Ce troisième stade m’apporte également un surplus de liberté. C’est essentiel à mon âge. Depuis une quinzaine d’années, j’écris sur mon travail, sur mon évolution à travers ces différents stades. Ces notes deviendront certainement un livre.
« LIRE, PARTOUT, TOUT LE TEMPS »
Lire est une discipline. Enfin, c’était pour moi une discipline quand j’ai commencé à l’appliquer à l’âge de neuf ou dix ans. Aujourd’hui c’est une habitude ! Lorsque, dans ma voiture, j’attends ma fille devant son école, je lis un bouquin. Pas une revue, hein, un livre ! C’est là qu’est le piège. J’entends souvent des gens dirent : « Je lis. Des revues. » C’est très bien, j’en lis moi-même, un peu, mais je fais attention. La vraie lecture, ce sont les livres. Bien sûr, comme tout le monde, lorsque je suis fatigué, c’est l’écroulement total, la lâcheté absolue, l’abandon : je zappe devant la télévision ! Rien ne rentre dans mon cerveau qui s’endort paisiblement et sans remords. Le monde qu’on me présente à l’écran n’est pas le mien.
Mais, pour peu que je garde un minimum de fraîcheur, je vais vers le livre. J’ai des bouquins partout. Le soir, je lis une heure. Plus une autre en petits bouts au cours de la journée, j’arrive à mes deux heures de lecture par jour. Un livre entraîne d’autres livres. C’est formidable ! Si je relis par exemple La Peste d’Albert Camus, un livre que j’ai découvert à quinze ans, il m’entraîne vers un autre ouvrage de Camus. Les notes en bas de page me renvoient vers des études sur l’auteur. Je cherche les photos des lieux qu’il a fréquentés, je me documente sur les femmes qu’il a aimées. Lancé sur Camus, je retombe sur Jean-Paul Sartre, sur Simone de Beauvoir, sur les mandarins, sur la trahison… La culture c’est cela. Des pistes multiples. La culture est la seule vraie défense contre l’ennui.
SUITE : « Djinn sans couverture déshabillée, cette fois »
Images tirées de Niklos Koda par Grenson © Le Lombard.
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