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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | November 4, 2024















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Les + du blog : Gotlib raconte sa Rubrique-à-Brac

22 avril 2008 |

Comme Mai 68, La Rubrique-à-brac de Gotlib fête cette année ses 40 ans. Dargaud offre à cette occasion à son créateur un album-hommage, Rubrique-à-Bracadabra, signé par 34 auteurs (de A comme Arleston à Z comme Zep). Une bonne raison pour BoDoï d’aller dialoguer avec le grand Marcel Gotlib.

 

 

Quand la Rubrique-à-Brac est-elle devenue différente des Dingodossiers ?
Il s’est écoulé un mois avant que la Rubrique-à-Brac ne succède aux Dingodossiers. Mais dès la première Rubrique, « Le Pélican », la rupture était très nette : je ne dessinais plus de décors, et j’en étais d’ailleurs gêné. J’avais un complexe par rapport aux Dingodossiers. Quand on travaille avec un scénariste comme Goscinny, c’est dur de prendre la suite !

Vous est-il arrivé de connaître des pannes d’inspiration ?
Bien sûr. Je me souviens de « La Mort et le ddb » – le « ddb », c’était le « dessinateur de bandes dessinées ». Je tournais en rond dans mon atelier… C’était idiot, car la Rubrique revenait toutes les semaines : si je foirais un truc, je pouvais toujours me rattraper. Je n’avais pas en tête de sortir des albums. Dargaud avait déjà publié le premier tome des Dingodossiers quand Goscinny m’a dit : « Nous allons sortir un deuxième album. » J’ai demandé : « Le tome 2 des Dingodossiers ? » En réalité, il parlait du premier tome de la Rubrique. Goscinny m’a fait confiance. Il m’a même dit un jour, d’un air mi-figue, mi-raisin : « Je savais que vous pourriez vous débrouiller tout seul. » Comme s’il était gêné de m’avoir accaparé pendant deux ans avec les Dingodossiers… Ce n’est sûrement pas ce qu’il voulait dire, mais il y avait peut-être un peu de ça.

Vous êtes-vous parfois heurté à l’incompréhension d’autres dessinateurs de Pilote ?
Fred détestait les jeux de mots, et chaque fois que j’en plaçais un, je le lui attribuais ! J’écrivais : « Dépêchez-vous de lire ce calembour, il faut que je le rende à Fred ! » Il me disait : « La Rubrique-à-Brac, c’est nul comme titre, c’est un jeu de mots vaseux. » Il y avait aussi des copains qui m’ont dit : « Tu as tort de faire ça, maintenant que tu as un pied dans la maison, il faut créer des héros, qu’est-ce que tu vas foutre de ça, on ne pourra jamais en faire des albums, il faudra le mettre à la poubelle… » Aujourd’hui, les albums de la Rubrique sont retirés en permanence, mais leurs trucs à eux le sont un peu moins souvent…

Se mettre en scène dans une bande dessinée, c’était nouveau ?
Greg l’avait déjà fait, et on le faisait aussi un peu dans les Dingodossiers. Comme nous n’avions pas de héros, nous écrivions : « Nous autres, dingo-enquêteurs, nous allons parler de tel sujet », comme s’il s’agissait d’une sorte de conférence au sommet, une espèce de cours. Après, j’ai repris le système dans la Rubrique en exagérant à fond. J’étais toujours très complexé. Car c’est le signe d’un complexe que de se représenter avec des étoiles partout… Mais il n’y avait aucune mégalomanie. Receviez-vous des lettres de lecteurs ?
Je ne recevais pas beaucoup de courrier. Un jour, je montre à Goscinny le scénario d’un épisode de Cinémastock avant de le donner au dessinateur, Alexis. C’était une version de La Dame aux camélias, le héros s’appelait Armand Duval. Goscinny me dit : « C’est très bien, le seul truc qui me gêne, c’est que vous citez nommément les Pastis Duval, mais bon… » Et quand l’histoire est parue, nous avons reçu une caisse des Pastis Duval ! Ils avaient de l’humour… Je me suis fait le plaisir d’en offrir une à Goscinny !

La Rubrique-à-brac marquera sans doute plus l’histoire de la BD que vos histoires parues dans L’Écho, alors que vous pensiez peut-être à cette époque qu’elles étaient révolutionnaires…
Non, même pas, je ne pensais pas que c’était révolutionnaire, j’avais plutôt la trouille que ce soit interdit et que les parents d’élèves râlent, mais il ne s’est rien passé du tout.

Quel est le héros le plus emblématique de la Rubrique ?
Bougret et Charolles, c’est spécial, il n’y a pas eu beaucoup d’histoires avec eux. Avec Isaac Newton, c’est un autre genre de running gag, le running gag au sens propre du terme d’ailleurs. Il faut avoir le courage de le placer sans que ça ne fasse marrer personne. Les gens doivent se dire : « Mais qu’est-ce qu’il vient faire là ? ». Je savais que, plus tard, je le replacerais. Ensuite, le lecteur se dit : « Tiens, revoilà Newton, quelle connerie va-t-il encore nous sortir ? » Le professeur Burp, lui, n’est pas vraiment un héros comique, mais juste un présentateur. La coccinelle, c’est encore un autre truc, un genre de chœur antique qui vient foutre la merde dans ma propre histoire. Mais s’il devait y avoir un personnage emblématique de la Rubrique, il me semble que ce serait elle.

 

 

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