Son pays, la Croatie
« La Croatie est en train de devenir une république bananière. Le gouvernement privatise les banques, l’industrie, les télécoms… On va bientôt revenir à la situation d’avant la seconde guerre mondiale, quand le pays appartenait à de riches investisseurs étrangers. Mais c’est sans doute le développement naturel de l’humanité. J’appelle ça la « pensée mensualisée » : on ne pense pas à l’avenir au-delà de la prochaine fiche de paie. Parfois, je suis très en colère de voir que les hommes polluent, détruisent le monde sans se soucier des générations futures. »
Les États-Unis, où il a travaillé pendant dix ans
« L’Amérique est une terre d’illusions. La culture se concentre dans quelques grandes villes, le reste du pays n’est habité que par des rednecks dans des caravanes. Et là-bas, tout tourne autour de l’argent. On pousse les gens à consommer, prendre des crédits. Ils se retrouvent alors surendettés. Je pense que la vie est meilleure en Europe, même si mon pays, la Croatie, est en train de prendre le même chemin que les Etats-Unis : les Croates sont un des peuples les plus endettés du continent ! »
La musique
« Je faisais partie d’un groupe en 1983-84, mais j’ai abandonné car on ne peut pas prétendre à exceller dans plusieurs domaines… Il y avait une scène musicale importante en Yougoslavie à ce moment-là. Parfois, j’ai un peu la nostalgie d’être sur scène, devant un public. Ça procure un plaisir fou, aussi fort que le sexe ! »
Ses filles
« J’ai trois filles que je ne vois pas très souvent, puisqu’elles vivent avec leur mère au Canada, et que je suis retourné vivre à Zagreb depuis quelque temps. J’essaie d’être leur copain, de les écouter et les orienter, mais sans les contraindre. Mon aînée a par exemple fumé son premier joint avec moi. Je préfère qu’elle l’ait fait à la maison, en ma compagnie, plutôt que dans la rue avec sa bande. C’est normal de tout vouloir essayer quand on est jeune. J’y suis favorable et j’ai fait la même chose. Mon père ne voulait pas que je fasse les Beaux-Arts parce que, selon lui, c’était un lieu propice aux drogues, au sexe et au rock’n’roll. C’était vrai. Et ce furent les plus belles années de ma vie ! »
Propos recueillis par Benjamin Roure
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