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LES + DU BLOG : LA CASTAFIORE 2/5

23 juin 2006 |

ROSSIGNOL MILANAIS OU ETRANGE NAPOLITAINE ?

Au début du XVIIIe siècle, la mode du chant napolitain déferle sur Venise, capitale européenne de l’opéra. Exaspérés par les acrobaties vocales auxquelles se livrent les castrats au détriment de l’émotion, les amateurs avertis comparent ces castrats à des rossignols. Cela en référence à l’un des airs fétiches de Farinelli : « Quell’usignuolo ch’é innamorato ».
Que la Castafiore ait été affublée de ce surnom masculin n’a pas laissé de nous intriguer. Premier indice ! Et si cette femme n’était pas tout à fait celle qu’on croit ?
Le Rossignol milanais est en fait napolitain. Il y a quelques années, à l’occasion de la rédaction d’un ouvrage consacré à Tintin (Tintinolâtrie, Éditions Casterman, 1987), nous avions exécuté des recherches à la Scala de Milan. Quelle ne fut pas notre surprise d’apprendre dans une lettre signée de la main même du directeur de la Scala, que la cantatrice n’avait jamais chanté sur la scène de l’opéra supposé être son fief !
C’est pour brouiller la piste napolitaine que la Castafiore, l’étrange napolitaine, a fait croire à des origines milanaises. Aurait-elle cité Naples que cela aurait risqué d’éveiller les soupçons des connaisseurs.
[…]

BIJOUX, PERROQUETS ET CASTRAT-STAR SYSTEME

Quant aux vrais bijoux, les castrats en étaient fous et s’en paraient à la ville comme à la scène. La Castafiore ne déroge pas à la règle. Idem pour les perroquets. C’est en compagnie d’un de ces volatiles loquaces, Coco, que la Castafiore vient s’installer au château de Moulinsart (Les Bijoux de la Castafiore, pages 9 et 10).
Au temps de leur pleine gloire, les castrats sont l’objet d’une popularité qui confine à l’idolâtrie la plus fanatique.
Les impresarios doivent supporter les extravagances et les toquades les plus insensées de ces chanteurs hors normes à qui sont alloués des cachets faramineux.

LES APPARENCES PHYSIQUES

En 1737, le Président de Brosses, mélomane averti, décrit ainsi les castrats dans ses Lettres familières sur l’Italie :
« Ils deviennent, pour la plupart, grands et gras comme des chapons, avec des hanches, une croupe, les bras, la gorge, le cou rond et potelé comme des femmes. » Le physique, les caractères « gynoïdes » de la Castafiore !

L’ORGANE

Quand la Castafiore, reine du contre-ut, prodige vocal absolu, déploie les pouvoirs envoûtants de ses harmoniques, sa voix peut monter jusqu’au contre-sol, peut briser des vitres. Cela rappelle la puissance et l’intensité de l’organe de Farinelli qui pouvait tenir une note près de deux minutes sans effort apparent. Sous les voûtes sacrées comme dans les salles de concert, des femmes et des hommes se sont souvent évanouis pour des raisons qui n’ont que peu à voir avec le seul trouble esthétique.

ULTIME INDICE

Quand Hergé le lui proposa, la Diva accepta que certains épisodes de sa vie soient publiés chez CASTERMAN. Il n’est guère besoin d’être aguerri à la pratique des anagrammes ou frotté aux pitoyables calembours lacaniens, pour voir là le clin d’œil malicieux de la Diva à la postérité !

SUITE : l’enfance de la Castafiore


La Castafiore, biographie non-autorisée
, d’Albert Algoud. Chiflet & Cie, 10 euros.
© Chiflet & Cie

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