LA TOUCHE DE BLUTCH

Si je vous annonce une BD sur la volupté, vous imaginez immédiatement d’excitantes scènes de corps emmêlés ! Et bien, c’est raté. Car Blutch est aux commandes et traite le sujet, à sa manière, approchant la sensualité via le prisme du surréalisme et de l’absurdité. Résultat, un conte curieux et troublant qui réunit les stars du genre (chasseurs, belle au fond des bois, animaux mystérieux) mais se déroule dans un décor moderne. Un conte dont la volupté dessinée à grands coups de crayon rouge et noir est à la fois excitante et dérangeante, belle et affreuse. Excitante quand des corps blancs et fragiles émergent de la jungle des crayonnés, dérangeante quand une femme se laisse caresser par un singe. Le récit de Blutch dégage le même malaise que les tableaux de Balthus, un malaise qui éveille les sens et invite à réfléchir sur sa propre sexualité. Un peu ennuyeux tout ça ? Du tout, car Blutch glisse de l’humour dans son histoire de sexe. Notamment à travers le destin tragico-comique d’Yvon, jeune cadre lâchement abandonné par son patron en pleine campagne. La batterie de son portable lui permet de passer un unique coup de fil pour appeler au secours. Il préférera l’utiliser pour susurrer des caresses à sa maîtresse ! Un album étonnant et unique, une sorte de conte philosophique graphique impertinent.

Allison REBER

Futuropolis, 16,50 euros.