Les Enfants de la liberté
Difficile de lutter contres ses préjugés de lecteur, surtout quand on vous propose de chroniquer du Marc Levy en BD. Mais le cadeau est parfois plus joli que l’emballage… A Toulouse durant la Seconde Guerre mondiale, de jeunes gens — dont le père et le frère du romancier à succès —, souvent juifs ou étrangers, entrent dans la résistance pour défendre passionnément (ben oui, c’est du Marc Levy) la France et la liberté.
La première partie de l’album, très classique, porte sur la vie de ces jeunes dans la résistance (quotidien, histoires d’amour, sabotages, meurtres d’officiers allemands…). La deuxième partie prend un tour plus original en mettant en lumière un épisode peu connu de la fin de la guerre. Le père et l’oncle de Marc Levy sont arrêtés par la police française puis remis aux mains des nazis en juin 44. Ils furent alors embarqués dans un des derniers convois de déportation vers les camps de la mort. Ce « train fantôme » chemina deux mois — au lieu de trois jours — pour arriver à Dachau, tant la résistance mit tout en œuvre pour l’en empêcher. Le voyage fut à la fois terrible (entassement dans des wagons à bestiaux, faim, soif, maladie, attaques aériennes des alliés qui pensent les wagons emplis de soldats allemands) et riche en rebondissements : arrêts fréquents de plusieurs jours, aide de la population, retour en arrière, marche forcée sur des ponts à moitié détruits, évasions…
Marc Levy participant à l’adaptation de son propre livre, inspiré de faits réels, on retrouve sans surprise son écriture assez plate et « premier degré », quoique non dénuée de sincérité. Le dessin d’Alain Grand (Pour tout l’or du monde) est honnête, mais aurait pu servir n’importe quel scénario. Il n’accorde pas beaucoup de relief à l’ensemble, et quelques ficelles cinématographiques de la mise en scène peuvent agacer (une sorte de teaser de deux planches qui introduit l’album notamment). C’est finalement le sujet qui sauve l’album, tant l’incroyable Odyssée de cet ultime convoi est passionnante. On pourra reprocher à Marc Levy de ne pas avoir les épaules pour porter les évènements qu’il convoque, mais pas de trahir le passé.
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