Les Enfants trinquent
La maman de Ninon ne va pas bien. Souvent, ça va, mais parfois, pas du tout. La maman de Ninon est alcoolique, et sa maladie la pousse vers de grandes phases de déprime, un dégoût de soi permanent et des crises de colère et de violence terribles. Sans compter les mensonges, les fausses promesses de soin, la déchéance physique. Et l’éloignement irrémédiable d’avec sa progéniture.
Pour son premier livre de bande dessinée, Camille K. s’inspire de sa propre histoire, et cela se sent. Dans son écriture visuelle, dans les émotions sincères qu’elle insuffle dans les mots et les regards des enfants qu’elle met en scène – une grande fille et son frère, face un père qui laisse faire et une famille qui refuse de voir. Même si son trait est encore fragile, la jeune autrice maîtrise la grammaire de la bande dessinée : ses changements de rythme et de cadre, la puissance de la métaphore visuelle (sa mère en rhinocéros, entre le pataud, l’attendrissant, l’encombrant et le dangereux), la concision du texte. Petite déception tout de même, à mi-chemin de l’album, elle peine à relancer l’histoire et enchaîne des séquences un peu répétitives qui, si elles montrent bien la douleur lancinante pour un enfant de voir sa mère sombrer jour après jour, font patiner le récit. Récit qui se conclut sur une fuite en forme de nouvel espoir, mais sans résolution de ce qui précède. Les Enfants trinquent reste toutefois un livre émouvant et courageux d’une autrice à suivre de près.
Publiez un commentaire