Par Freddy Martin et Romain Slocombe. Delcourt, 13,95 €, le 7 mars 2012.

Un journaliste scientifique se rend au Japon, pour se documenter et rencontre un chercheur, auteur de fameux travaux sur le sang artificiel. Là-bas, dans son étrange château, réplique d’une bâtiment européen, il se retrouve en proie à d’angoissants cauchemars et aux prises avec des personnalités violentes et insaisissables. Jusqu’à ce que des jeunes gens mystérieux le mettent sur la piste de crimes de guerre commis par l’armée japonaise sur le sol chinois durant la Seconde Guerre mondiale, des expériences atroces sur des cobayes humains…

Le touche-à-tout Romain Slocombe (photographe, illustrateur, écrivain…) évoque ici les camps d’expérimentation d’armes bactériologiques implantés par l’armée japonaise lorsqu’elle occupait la Mandchourie. Un thème abordé par la bande dessinée Maruta 454. L’originalité du projet, ici, est de mêler l’évocation historique des atrocités commises alors, avec une adaptation de Dracula. Les références à l’oeuvre de Bram Stoker sont d’abord minimes, puis se font plus insistantes : les prénoms (le héros Jonathan aime Mina, restée à Londres et qui attend ses lettres); les gens qui disent à Jonathan de quitter les lieux le plus vite possible; le visage de Mina calqué sur celui de l’actrice Winona Ryder, qui incarnait Mina dans le film de Coppola; le sang, évidemment… Ce grand écart scénaristique était risqué, car il pouvait décrédibiliser les fondements historiques du sujet. Pourtant, ce premier tome trouve la bonne articulation entre les deux axes, cet équilibre étant renforcé par le dessin d’inspiration photographique de Freddy Martin (Après la guerre), qui s’épure parfois pour tendre vers un expressionnisme froid. Un début de trilogie audacieux, intéressant et réussi.

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