Les Fleurs du mal #1-2
Dans une ville de campagne, Takao, élève moyen et renfermé, trouve une échappatoire dans la lecture. Socialement inadapté, il n’ose pas approcher celle qu’il appelle sa muse, sa Vénus : Nanako. Mais lorsqu’il tombe, après les cours, sur les affaires de sport de son aimée, il ne peut s’empêcher de les emporter avec lui sans réfléchir. Ce qui pouvait arriver de pire arriva : Sawa, l’élément déviant de la classe, haineuse et méprisante envers le genre humain, l’a surpris dans son acte. Commence alors un chantage quotidien : s’il ne veut pas être démasqué, Takao devra obéir aux ordres sadiques de la jeune fille…
Découvert avec Dans l’intimité de Marie, Shuzo Oshimi est un auteur intrigant. Les Fleurs du mal, probablement son plus grand succès à ce jour (adapté en série animée et en pièce de théâtre), a pour particularité de contenir de nombreux éléments autobiographiques. Tellement que cela en devient gênant ! Mais c’est aussi ce qui donne un tel goût de vrai à l’œuvre. Entre deux chapitres, on découvre les notes d’Oshimi, ce qui a servi à créer les personnages, les décors et l’atmosphère crépusculaire de cette ville isolée. Paradoxalement, le résultat baigne dans l’irréel : l’époque représentée est difficile à déterminer et l’on ne trouve pas l’ombre d’un ordinateur, d’un smartphone ou d’un objet de mode précis. Comme si ces Fleurs du mal avaient éclos dans un espace-temps n’ayant jamais existé, à mi-chemin entre la réalité actuelle et les idéaux d’un temps révolu qui animent Takao – et l’adolescent qu’a été Shuzo Oshimi. Si l’œuvre prend aux tripes, sa réalisation ne possède pas encore le même aboutissement graphique que Dans l’intimité de Marie : le trait manque d’identité, les corps sont raides et les expressions de visage, elles, d’un niveau d’exagération qui détone avec la crédibilité des âmes décrites. Pour autant, ces maladresses épousent parfaitement l’œuvre : le fait que l’auteur se cherche encore en tant qu’artiste, qu’il évolue progressivement, entre en résonance avec le marasme intérieur de ses personnages.
Récit haletant, chronique du mal-être et source documentaire sur un auteur atypique, Les Fleurs du mal a de quoi passionner. Une série qui dérange, à mettre entre les mains des lecteurs intéressés, notamment, par les notions de normalité ou de perversion. Difficile de prédire comment elle évoluera, en tout cas, après une fin de deuxième tome (sur onze) en forme de feu d’artifice.
AKU NO HANA © Shuzo OSHIMI / Kodansha Ltd.
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