Les Folies Bergère ****
Par Francis Porcel et Zidrou. Dargaud, 16,45€, le 28 septembre 2012.
Face aux Allemands, elle pourrit dans les tranchées, entre peur pure et désespoir. La 17e compagnie d’infanterie, surnommées les Folies bergère, tient bon grâce à un peu d’humour, et à l’espoir d’aller voir un jour, bientôt, peut-être, des femmes légèrement vêtues danser à Paris.
Un prêtre rejoint ces Poilus, retrouve un ami d’enfance devenu haut-gradé, et rencontre un potentiel miraculé : Rubinstein, passé deux fois par les armes pour avoir circoncis son supérieur contre son gré, et toujours vivant. « Un soldat qui refuse de clamser quand on lui en donne l’ordre », que sa fillette parvient à retrouver au milieu de l’horreur…
Scénariste prolifique, qui explore des terrains inattendus et éclectiques (Sac à puces, Tamara, L’Elève Ducobu, le plus sombre ProTECTO, et récemment La Peau de l’ours…), Zidrou bouleverse avec ces Folies Bergère. Il y livre une vision résolument tragique de la Première Guerre mondiale, mais manie aussi admirablement les nuances. Brossés à petites touches, par circonvolutions — le goût pour Jules Verne du héros, sa future vie de famille, le lien entre Claude Monet et le petit frère d’un des fantassins… —, ses personnages prennent nettement chair, servis par des dialogues justes. On vit leurs angoisses, on se gausse de leurs gamineries et jeux de mots faciles. L’émotion s’insère un peu partout, de façon mesurée. Et notamment grâce aux choix graphiques de l’Espagnol Francis Porcel : le dessinateur use d’un trait réaliste un brin éthéré, le plus souvent en noir et blanc. Il introduit la couleur pour figurer le rêve, la folie ou les conséquences concrètes, souvent mortelles, du combat. Alliant cruauté et poésie, rudesse et douceur, l’album étreint le coeur, secoue les tripes.
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