Les Funérailles de Luce
par Benoît Springer. Vents d’Ouest, 15 €,
le 10 janvier.
Un réveille-matin qui rythme les heures, une petite tignasse qui déborde des draps d’un lit trop grand, des ombres dans les coins de la chambre : c’est avec délicatesse et sensibilité, mais en laissant déjà filtrer la gravité du propos, que Benoît Springer nous emporte dans sa chronique initiatique. Comme une première phrase révèle et impose le caractère d’un roman, la planche qui inaugure son album en trahit d’emblée l’intensité, et la qualité rare. On pourrait le lire comme on tire une chevillette, afin qu’une porte – ou le couvercle d’un cercueil, en l’occurrence – s’ouvre. Ces Funérailles mettent en scène Luce, gamine chétive et fragile dépassée par l’existence. Elles sont celles de son innocence, d’une candeur que l’on enterre avec son premier deuil. C’est lors d’un séjour à la campagne chez son grand-père que Luce, une citadine de 6 ans, va se heurter à cette tragédie : la Mort, qui erre devant ses yeux de fillette, frappe autour d’elle des hommes et des femmes déjà malmenés par la solitude, la dépression, la maladie. Le trait, épais et chaleureux, renforce l’intimité d’un récit qui dispense, paradoxalement, énormément d’espoir.
Pascal Paillardet
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