Les Gardiens du Louvre
Dans la foulée du salon international de la bande dessinée de Barcelone, un dessinateur japonais se rend à Paris. Il compte visiter les musées de la capitale, en solitaire. Accablé par une fièvre tenace dans ce pays dont il ne parle pas la langue, l’homme trouve la force de s’engouffrer dans les allées du Louvre, étape incontournable des amateurs d’art et d’antiquités. Rapidement, il se perd dans un voyage intérieur entre passé et présent, guidé par l’un des esprits protecteurs des lieux. À la découverte de quelques œuvres et personnalités clés du musée.
Pour le lectorat francophone, Taniguchi est l’emblème d’un certain manga d’auteur. Un manga serein, universel, concentré sur la réalité quotidienne. Si cette mouvance ne représente pas toute l’œuvre de l’artiste (lire nos critiques d’Enemigo ou de Garôden, par exemple), c’est bien une bande dessinée contemplative qui s’offre ici à nous. Une bande dessinée et non pas un manga, sous la forme d’un grand album cartonné tout en couleurs directes – malgré un sens de lecture japonais. Comme souvent, Taniguchi délivre des planches au dessin précis, doux et aéré, dont la couleur accentue encore le raffinement : une vraie réussite graphique. Cependant, encore faut-il trouver une raison de tourner les pages… Quelque peu engourdi et pauvre en émotions, le récit se limite à une succession de plongées un brin mécaniques dans l’Histoire de l’art et, par extension, dans celle du Musée du Louvre. Certes, il est plaisant d’apercevoir Van Gogh peignant la campagne d’Auvers-sur-Oise ou d’apprendre comment fonctionnait le musée sous l’occupation allemande. Mais tout cela est un peu générique, consensuel et ne mène nulle part en particulier si ce n’est à l’envie d’arpenter soi-même le Louvre. En fin de récit, Taniguchi pose un ultime rebondissement qui tente de donner un sens aux errances du personnage principal… mais il est déjà trop tard. Nous retiendrons Les Gardiens du Louvre comme un très bel objet, certes, mais loin de la poésie du quotidien d’un Quartier Lointain.
© Futuropolis / musée du Louvre éditions 2014
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