Les Grands Cerfs
Pamina vit avec Nils dans une forêt des Vosges, loin du monde trop bétonné et trépidant. Immergée dans la nature, elle peut se consacrer à l’écriture. Et à ses discussions avec Léo, un photographe animalier qui connaît par coeur les membres du clan de grands cerfs qui arpente ces bois. Et qui l’initie à l’affût, à l’observation nocturne de ces animaux majestueux, cible privilégiée des chasseurs.
Gaétan Nocq adapte ici avec grâce un roman de Claudie Hunzinger, sur un parti pris graphique et narratif fort : dans de grandes cases souvent taiseuses, tout de bleu inondées, il brosse de son trait réaliste une nature puissante et inquiétante, dans une ambiance quasi funèbre. Car Pamina s’initie à la traque visuelle du gibier avec une motivation ambigüe : elle veut voir évoluer, grandir les cerfs, mais sait aussi qu’ils sont aussi presque condamnés à tomber sous les balles des chasseurs, trop bien tolérés par des institutions frileuses. Pulsions de vie et de mort, fascination pour la nature sauvage et terreur d’une apocalypse à venir, Pamina glisse sur une pente dangereuse au bout de laquelle elle pourrait perdre pied. L’auteur du Rapport W et de Capitaine Tikhomiroff raconte donc avec beaucoup de finesse les liens complexes entre l’humain et une faune en péril, le goût mêlé de la liberté et du sang, le regard de l’artiste et celui du carnassier. Et réussit à trouver l’équilibre entre bande dessinée très littéraire et oeuvre plastique résolument originale.
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