Par Joshua Cotter. Çà et là, 22 €, le 16 novembre 2011.

Le passage de l’enfance à l’adolescence est un moment souvent cruel, surtout quand le monde des petits et son imaginaire protègent le bambin qui grandit d’un univers hostile ou pour le moins inconfortable. C’est ce thème qui est au coeur de cet épais et somptueux volume, nouvelle perle dénichée par les éditions Çà et là.

Avec ses personnages au look animalier et ses pages extraites de vrais-faux annuaires d’écoles ou gazettes rurales, Joshua Cotter compose un univers singulier et onirique, à la fois terriblement dépressif et sincèrement attachant. On colle ainsi aux baskets et grosses lunettes d’un garçon emprunté et enrobé, qui a du mal à se défaire de ses jouets fétiches (un robot notamment) et donc de sa rassurante enfance. Il a face à lui un petit frère tout en rondeur et naïveté, qui lui renvoie l’image de celui qu’il était quelques années avant. Et des parents maladroits et/ou absents, qui ne l’incitent pas vraiment à prendre son envol.

Chronique d’une morne adolescence dans la campagne américaine, Les Gratte-ciel du Midwest entremêle anecdotes réalistes et visions fantasmées, pour un récit dense et agréablement long (près de 300 pages), porté par un dessin en noir et blanc, aux petites hachures expressives. Tour à tour puissant et envoûtant, mélancolique et attendrissant, ce volume se révèle au fil des pages comme l’oeuvre d’un auteur qui a mis toutes ses tripes dans sa création. Et c’est suffisamment rare en bande dessinée pour être applaudi.

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