Est-il encore nécessaire de présenter Alfred ? Depuis maintenant 30 ans, nombre de ses ouvrages parlent de lui ou pour lui. Dans Les Jardins invisibles, il se met en scène dans des moments de vie éparses, qu’il considère aujourd’hui, avec le recul, comme des instants cruciaux de son existence.

Son album se compose de courts récits non chronologiques, chacun révélant une facette de l’auteur : son rapport à sa famille, son amour pour l’Italie, ses doutes professionnels comme personnels et également sa passion insatiable pour le dessin. Ses souvenirs s’imbriquent avec ses racines et ses affections, nous permettant de mieux comprendre sa vision artistique et la manière dont il puise depuis toujours dans ses expériences personnelles pour façonner ses histoires. Et c’est dans ce jeu d’équilibriste de la confession qu’Alfred excelle. Il livre des instants purement personnels qui arrivent à toucher au cœur dans la plus grande simplicité.

On lui a connu plus beaux graphismes et mises en scène, mais le dénuement graphique, proche de ce qu’on attend d’un carnet de croquis, n’est finalement que le prolongement de la retenue globale de cet ouvrage. Au-delà de la simplicité de son dessin, c’est dans son unité inattendue que l’album se démarque. Chaque chapitre, bien que déconnecté des autres, s’assemble harmonieusement, nous offrant une réflexion douce et émouvante sur la vie, l’enfance, l’amour…

Sous des airs de légèreté, Les Jardins invisibles partage des fragments de vie apparemment anodins qui témoignent de l’importance de ces petites choses qui forgent une existence et qui portent des questions universelles sur ce qui fait de nous ce que nous sommes.