Vivre avec une maladie chronique, qui peut vous tuer d’un jour à l’autre si vous n’y prenez pas garde, est-ce vraiment possible ? Daniel, la cinquantaine grisonnante et séduisante, a appris à faire avec cette fichue maladie sanguine, mais noie trop souvent sa solitude dans l’alcool. Catherine est un brin plus jeune, mais ça ne se voit pas, elle semble résignée à subir les cachets comme son double-menton. Et pour Charlotte, étudiante en art pétillante, la découverte de ce syndrome est synonyme de fin du monde.

Attention, sortez les mouchoirs ! C’est en tout cas ce qu’on pense après quelques pages de cet album choral : voici une comédie dramatique sur la maladie, forcément chargée en bons sentiments, possibles décès ou séquelles graves, rupture, incompréhension, amour plus fort que la mort, etc. Et c’est à peu de choses près l’ordonnance délivrée par Éric Dérian, mais avec une légèreté bienvenue et quelques idées de rebondissements bien senties. Plus que ces idées, c’est le rythme et la structure de son album qui font qu’on évite – de justesse, toujours – l’excès de pathos et le chant des violons. Et par son personnage de vieille fille touchante aussi, qui prend un nouveau départ qui fait plaisir. Séquences courtes, aller-retour entre les protagonistes, dialogues réalistes, voilà les bons points de cette fiction contemporaine bien documentée. Le dessin de Magalie Foutrier joue aussi une partition légère et colorée, dans un style évoquant Pénélope Bagieu époque Cadavre exquis, en plus nerveux. L’ensemble est donc cohérent et forme une comédie plus romantique que dramatique, qui a suffisamment de qualités pour séduire les amateurs du genre. Les allergiques, en revanche, passeront leur chemin.