Les Liens du sang #1
Seiichi Osabe a tout du lycéen lambda. Mais derrière sa famille en apparence heureuse et franchement ordinaire, il semble se dissimuler un certain mystère, particulièrement lourd et douloureux. Ce père salaryman absent et souvent de sortie, même le dimanche. Cette mère trop gentille et attentionnée qui attire les railleries sourdes de son entourage… Que cachent-ils ?
Avec Dans l’intimité de Marie, Les Fleurs du mal et Happiness, Shūzō Oshimi a su s’imposer comme un auteur phare de sa génération. Après avoir écrit de nombreux titres destinés principalement à un lectorat adolescent, il s’adresse ici aux lecteurs plus âgés du magazine Big Comic Superior (Ki-itchi !, Adam et Ève, Crying Freeman…). Auparavant davantage dans l’emphase, il se veut plus mature et son dessin plus posé. Plus assuré, moins brut qu’à ses débuts et moins expressionniste que dans son dernier récit vampirique. Habillé de hachures, ses personnages avancent masqués et son intrigue pesante les suit à pas de loup.
Alors qu’il avait jusque-là centré ses récits sur des personnages particulièrement torturés par les bouleversements de l’adolescence, et qu’il transcendait ses histoires par des passages fantasmagoriques d’une puissance graphique rare, le mangaka entame sciemment son récit par une introduction prenant les atours d’un quotidien insignifiant. Et le ton impose au lecteur la prudence et la suspicion.
Dans une retenue continue, limite oppressante, appuyée par une moiteur estivale sonore et visuelle, c’est une atmosphère malaisante qui se met lentement en place, par à-coups. Shūzō Oshimi est connu pour mettre en place tous ses pions avant de porter des coups majeurs. Il excelle ici dans la disposition des pièces sur son échiquier et montre au détour d’une balade que son jeu malsain et dérangé a bel et bien débuté.
CHI NO WADACHI ©2017 Shuzo OSHIMI / SHOGAKUKAN – Traduction : Sébastien Ludmann
Publiez un commentaire