Les Lumières de la France #1 ***
Par Joann Sfar. Dargaud, 13,95€, le 26 août 2011.
En préface de ces Lumières de la France, Joann Sfar prévient modestement de ses intentions : « Si mon récit fantaisiste pouvait inciter les lecteurs qui me suivent à mettre le nez dans des ouvrages plus instructifs que les miens, je leur en serais très reconnaissant. »
Avec ce premier volume d’une histoire prévue en trois (à paraître dans l’année et demi à venir, et dont une adaptation en film « live » est déjà en cours), l’auteur du Chat du rabbin et réalisateur de Gainsbourg (vie héroïque) livre le début d’une saga qui, sous des atours légers, soulève des questions philosophiques et historiques.
Soit un comte qui rêve au XVIIIe siècle de « pratiquer un esclavage à visage humain », pour que triomphe « le vrai, le beau et le bon ». La caméra se braque rapidement sur sa femme, la charmante comtesse Eponyme, un peu nymphomane sur les bords, qui aimerait par ses écrits démêler les mystères du sexe. « Mais tant de femmes causent et tiennent salon de nos jours. (…) J’écrirai donc sur l’esclavage, sur Dieu, sur l’âme et sur l’humaine condition. »
Avec gourmandise et humour, Joann Sfar croque de son trait jaillissant et déformant une noblesse amusante (une épouse qui effraie volontairement sa fille pour fricoter avec le cuistot et converse longuement avec sa chienne Fragonarde ; un mari indifférent qui s’enduit de cirage pour comprendre ce que ressentent les Noirs). On déguste volontiers cette mise en bouche réjouissante et foutraque, en regrettant toutefois qu’elle n’imprime pas plus longuement les papilles. Probablement la faute à une chute un brin brutale, qui plante le lecteur là une fois les personnages étoffés et le début de l’aventure à peine esquissé.
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