Les Mèches courtes **
Par Gaël Remise et Fabien Tillon. Vertige Graphic, 30 €, le 22 avril 2010.
Dans un pays qui pourrait être le Brésil ou l’Argentine, la population des bidonvilles se meurt. Harcelée par les autorités d’un gouvernement pourri, dépouillée par les mafieux. Dans ce petit monde sans avenir au soleil lumineux, survivent des groupes d’enfants abandonnés par des parents morts ou trop pauvres pour les garder. Et, quelque part, la révolution gronde…
Ancien rédacteur pour le mensuel BoDoï, Fabien Tillon dépeint ici la naissance et la mort d’un mouvement contestataire, comme il y en a eu tant dans le monde entier au XXe siècle – et comme il pourrait encore y en avoir dans les décennies à venir. Et il choisit un ton extrêmement pessimiste. Ses personnages n’ont plus d’espoir, n’ont plus d’énergie vitale, ils ont été avalés par la grande machine à fric. Et comme prévu, ça finit mal. Ce parti-pris scénaristique désespéré est courageux, mais n’aide pas à l’identification aux personnages, ni même à une quelconque empathie avec eux. De plus, l’intrigue paraît décousue et flottante. Le lecteur est ainsi usé dès les premiers chapitres, et il lui faudra bien du courage pour aller jusqu’au bout (en sachant pertinemment qu’il sera privé de happy end). Côté dessin, le trait brouillon et raide de Gaël Remise, malgré une lumineuse mise en couleurs, participe de l’hermétisme global de ce premier volume de la « trilogie des ventres creux ». Les Mèches courtes comporte des moments fulgurants, des pages aquarellées magnifiques, des scènes dialoguées fortes. Mais l’ensemble est vraiment trop étouffant et bancal pour qu’on s’y engage totalement.
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