Par Bastien Vivès. Les Requins marteaux, 12 €, le 18 novembre 2011.

Pour son apparition dans l’excellente collection BD Cul des Requins marteaux, Bastien Vivès n’a pas fait dans la dentelle. Mais plutôt dans le foin et le sabot. Si son titre n’avait pas été aussi délicieux, on aurait pu baptiser cette comédie érotico-sordide Le Petit Bordel dans la prairie ou La Ferme de la lubricité. On est en effet à la campagne, dans l’exploitation d’un couple d’agriculteurs sans le sou, ni internet, mais avec deux enfants. Le petit Paul, secrètement doté d’un sexe énorme, et la grande soeur Magalie, qui souffre énormément de sa poitrine phénoménale…

Quiproquos malsains et hilarants, ton perpétuellement décalé évoquant une parodie de feuilleton télé rural, mise en scène limpide et efficace, Bastien Vivès démontre avec ce one-shot tout son talent dans le registre de l’humour trash. Car plus qu’érotique, son album pervertit les codes du porno de bas étage, ne rendant pas faussement excitant ce qui est en réalité glauque. Comme le viol en réunion de la naïve fermière par les notables locaux, ou une innocente inceste de frère et soeur découvrant la mécanique du sexe dans une étable. Adoptant un dispositif graphique proche de celui de Polina (trait vif aplats gris, regards rares), en moins précis peut-être, l’auteur produit une nouvelle fois une petite pépite, tant dans le choix de ses cadrages ou l’enchaînement des séquence, que dans la reproduction de l’anatomie et des mouvements des corps. Ces Melons-là ne devraient pas déclencher votre colère, mais plutôt votre rire et votre admiration.

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