Les Nouvelles Aventures de Lapinot #3
Alors que la saga culte Donjon refait surface (on vous en parle tout bientôt), Lewis Trondheim avait déjà montré qu’il pouvait relancer une série avec succès. Et même passer outre le fait d’avoir tué son héros, le caustique et courageux Lapinot. Après un come-back dans une aventure fantastique, puis une cavalcade muette toute à l’aquarelle, revoilà Lapinot dans un récit contemporain autour du sujet de la religion, du respect de l’autre et de la manipulation des masses.
On suit ainsi Lapinot et Richard, son ami blagueur permanent, accompagnant un représentant de l’État censé installer des temples athées dans les petites communes : des lieux visibles et ouverts, pour faire respecter des croyants de tout bord le droit de ne croire en rien. Et cette folle croisade pour la tolérance est menée par un individu pénible, super fort en self-défense, rusé à la limite de la perversité, et prêt à tout pour imposer son projet.
Lewis Trondheim n’est jamais aussi bon que lorsqu’il passe d’un genre à l’autre, du strip pipi-caca à la quête fantasy, du récit intime à l’aventure. Et la magie de sa série Lapinot, c’est qu’elle peut être tout cela à la fois. Ici, le bizarre émane du quotidien, comme une farce absurde menée jusqu’au bout, déformation paroxystique de l’art de la politique à l’heure des réseaux sociaux. C’est intelligent, fin et terriblement drôle, chaque séquence réussissant l’exploit d’être à la fois crédible et ahurissante. Découpage efficace, dessin d’une souplesse sans faille, et couleurs pleines de vie (réalisées par Brigitte Findakly) : la réussite de Lapinot vient aussi d’un design original et percutant dans un registre sobre. On ne lasse aucunement des aventures de Lapinot, qui murit peu à peu, d’album en album, tout en restant le même. Longue vie aux longues oreilles !
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